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dimanche 7 août 2011

HISTOIRE : LA "VALLEE DU COTON" EST DEVENUE ... " LA VALLEE DE LA MORT"!


Comme je vous l’ai promis et par nostalgie voici mon histoire des usines en Basse-Normandie.

A l’âge de 16 ans révolus, je travaillais dans une filature de coton au lieu dit « la Planchette » à Flers de l’Orne . c’était en 1973 !

Il y a cent ans, dans la région de Flers, qui était dédiée aux filatures, il y avait  plusieurs  usines de coton :
·        Une usine à « La chaussée » ( Tissage).
·        Une autre au « Parc » (Filature)
·        Une troisième à « La Halle » ( Tissage)
·        Une quatrième  à la « Blachardière » ( qui cumulait tissage et teinture)
·        Une usine à Mesnil-Hubert (Filature) rachetée par La Blanchardière,
·        Des Ateliers au Pont-des-Vers dans le calvados voisin où les ouvriers tissaient et teignaient le coton (usine également rattachée à La Blanchardière)
·        Et enfin celle de « La Planchette » (filature et tissage).


Tous les tisserands et fileuses avaient faits la grève pendant 100 jours en 1910 pour obtenir de meilleurs salaires, bénéficier de logements moins vétustes et de la considération … Et oui !déjà à l’époque .

Depuis toujours Flers a construit sa richesse autour des nombreuses usines de filature et tissage qui peuplaient son territoire . D’ailleurs le logo officiel de la ville, aujourd’hui encore, reprend deux navettes, n’en déplaise aux Socialistes qui depuis 1990, ont changé l’image de la ville !!
En 1973 plus de 2.000 personnes travaillaient pour la Société Dolfus .Mieg(DMC).
Auparavant, il y avait  aussi des usines de coton dans la Vallée de la Vère sur les  communes de Saint-Pierre-du-Regard et Athis-de-l’0rne (« Le Plafond » ; « La Petite Suisse » ; « Les Vaux de Verre » ; « La Martinique » ; « Le Réservoir » ; « le Rocray » à Cahan et l’usine de Caligny reconvertie à l’amiante vers 1910 et fermée en 1954. Les conditions de travail étaient dignes d’un roman deZola.

Les sites dans le canton d’Athis ont tous été reconvertis pour le travail de l’amiante  après la guerre 39.45 (c’étaient les mêmes métiers à tisser).
Dans ce canton , Ferodo  employait  prés de 900 salariés. (années 60)

Mais il y avait aussi, au début des années 60, la création de l’usine Ferodo à Condé-Sur-Noireau à moins de 5km de la Vallée de la Vére ! (1500 salariés)

Fait surprenant, les wagons d’amiante arrivaient  en gare de Pont- Erambourg (prés de Conde sur Noireau.)
Pont -Erambourg a une partie de son village sur le département de l’0rne et l‘autre sur le département du Calvados.
Quand la gare a fermé ses portes, les balles d’amiante arrivaient par camion directement embarquées depuis le Port du Havre.

Cette vallée s’appelle désormais la « vallée de la mort. »

 Ferodo était le roi de la région, celui qui licenciait pas (sauf les délégués qui posaient trop de questions sur l’amiante) et les salaires étaient supérieurs  à toutes les entreprises des environs.

Beaucoup de petits paysans y travaillaient pour se faire un complément de ressources !! Ils étaient souvent plus dociles que les ouvriers….
Ferodo transportait son personnel gratuitement par cars .
Nombre d’ouvriers étaient logés directement par cette société très paternaliste…Elle payait même les couronnes mortuaires !
Depuis plus de 50 ans, ces travailleurs vivent rarement au-delà  de 65 ans à quelques exceptions prés.

 Autour de cette vallée, dans tous les cimetières, on peut voir, en visitant les allées, ceux  qui sont morts en raison de l’amiante (par une plaque apposée par des camarades, de la FNATH , de l’ALDEVA (Association de Défense des Victimes de l’amiante de Flers-Condé).
Il s’agit d’une Association que j’ai crée en 1996 avec des camarades du syndicat CGT, d’INDECOSA et de la FNATH en souvenir de mes parents morts de l’amiante à l’âge de 55ans (1988.et 1993).

Oui,  avant les ouvriers mourraient dans l’indifférence. L’employeur, pour faire un brin de social, embauchait la veuve ou un enfant.

Mais en 1996, un camarade de 41ans mourrait de ce poison, il était père de 2 enfants.
Et deux le mois suivant…
Nous avons manifesté . Nous étions plus de 1000 dans les rues de Condé-sur-Noireau un samedi.
Nous avons rencontré des députés et trois on prit l’affaire en mains et ont convaincu leur groupe : Mme Martine Aubry, pour le PS, Mr. Maxime Gremetz pour le PCF et Mr. Alain Tourret pour le PRG.
C’est peut être  les seules mesures  positives  avec les 35 heures du gouvernement de la Gauche à savoir :
·        Interdiction de travailler l’amiante
·        Obligation de dépolluer
·        Reconnaissance de la maladie professionnelle ( (tableau 30 et 30 bis).
·        Droit de partir en retraite anticipée à partir de 50 ans suivant l’ancienneté.
·        Création du FIVA (fond d’indemnisation des victimes de l’amiante).
Peu de députés de Droite ont voté ces mesures, à l’exception de Mr Jean-Yves Cousin , député-maire UMP de Vire, notre député de la circonscription de Flers  s’est abstenu (au prétexte que çà allait coûter cher).
Bien sur le coût de revient pour la sécurité sociale sur le budget (AT) a été pris sur une somme excédentaire. Nous aurions voulu que se soit Ferodo qui paie.
En 2011, il ne reste plus d’usine de coton dans l’Orne.
L’amiante est interdite, les départs anticipés ont permis au Patronat de licencier les salariés à peu de frais et surtout de fermer les usines. Seule une société est encore présente sinon ce ne sont que des dépôts de ferrailles . A Condé sur Noireau ,il reste a peu prés 500 salariés.

Jean louis Remande

1 commentaire:

Orizet a dit…

Monsieur,

Les éditions du Cherche-Midi préparent un ouvrage très illustré sur la société Valéo.
Je suis chargée de rassembler l’iconographie de l’ouvrage. Nous souhaiterions parler des usines Ferodo de l’Orne.

Je recherche tous documents sur ces usines ( photos, manifestations, tracts, articles de presse, publicités, documents administratifs, carte d’inscriptions ou d’adhérents etc..)
Avez-vous des documents susceptibles d’illustrer l’ouvrage ?
Ou savez-vous à qui je pourrais m’adresser ?
Vous pouvez me faire parvenir des visuels en basse définition dans un premier temps avant un envoi en haute définition pour l’impression.
Vous pouvez me joindre pour des renseignements complémentaires au 01 43 26 08 99.
En vous remerciant encore de votre aide et dans l'attente de votre réponse la plus rapide possible, je vous prie de croire à mes sentiments les meilleurs.
Hélène Orizet