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lundi 1 août 2016

                         « LIBERATION » d’ARGENTAN : un sujet qui suscite bien des polémiques !

Il y a 70 ans, les habitants d’ARGENTAN ont été les victimes innocentes de la rivalité entre les troupes anglaises (commandées par Montgomery) et la IIIe Armée américaine (commandée par PATTON).
En effet, il était prévu que MONTY libère Argentan et ferme la « Poche de Falaise » mais les blindés et les unités « SS » Allemands ont en voulus autrement. Ils l’ont d’abord bloqué à Caen puis l’ont retardé sur la route vers Argentan si bien qu’il n’a pu tenir ses engagements.
Patton et ses troupes américaines sous les ordres desquelles était placée la 2e D.B. française du Général LECLERC avaient quelques jours d’avances sur l’horaire et auraient très bien pu se charger de ces deux tâches, ce qui aurait évité bien des morts et des ennuis...dans les Ardennes !
Mais, Montgomery, chef allié des troupes au sol, était irascible… et mauvais stratège. Comme le savaient Eisenhower et Bradley depuis le fâcheux incident de Messine, il ne fallait pas lui déplaire alors on faisait tout pour le caresser dans le sens du poil. Patton savait ce que son zèle risquait de lui couter !
Le général MASSU, avec lequel j’ai eu la chance de m’entretenir en 1984, m’a confirmé que les Américains avaient donné aux Français Libres un ordre précis : NE PAS FRANCHIR L’ORNE !
Ceci explique cela… et notamment les « approches » des Rochambelles dans Argentan !
Massu, comme les autres combattants français, ont assisté à la prise de Montormel , impuissants sur les hauteurs adverses.
Comme l’a écrit Eddy FLORENTIN dans son livre « STALINGRAD EN NORMANDIE », jamais une ville normande n’a connu de tels dégâts par explosifs et des combats qui ont duré si longtemps. La libération de la ville d’ARGENTAN n’était visiblement pas l’objectif des troupes alliées. Certains se souciaient peu des civils et du patrimoine normand.
Mes parents qui furent sinistrés en 1944 m’ont raconté la fin de la guerre et je n’accepterais jamais que l’on travestisse la vérité sous des motifs festifs.
Comme l’a dit François MOREL ( le héros délirant des DESCHIENS) au micro de France-Inter (je rappelle qu’il est originaire de Flers et plus précisément de Saint-Georges-des-Groseillers : « Quand on passe dans ce rues du 6 juin à Flers, à Condé-Sur-Noireau, à Argentan, à Lisieux, même à Caen, on ne devrait pas complètement oublier ceux qui ont trouvé la mort lors des bombardements alliés. Comment on fait pour se réjouir de la Libération quand on voit sa ville détruite, anéantie ? Comment on fait pour fêter la victoire quand on vient de perdre un ami, une sœur, un voisin ? Comment on fait son deuil quand le chagrin personnel vient s’entrechoquer avec la joie collective ?
Les rues du 6 juin, entre nous, sont des rues de la pudeur et des souffrances cachées, de la douleur, de la discrétion et de la retenue… »
Comme le disait en substance Victor HUGO : quand les grands témoins ou acteurs ont disparus, on « arrange » le passé !
Non, il n’y eut pas de « libération officielle » à Argentan et le 6 juin restera pour certains une journée de deuil !


Gérard ROGER.