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lundi 5 septembre 2011

VIMOUTIERS : LE DERNIER CHEVAL QUI FREQUENTA LE MARCHE DU LUNDI !

Franchement, la fin de l’été ne me convient pas ! Je pense sans cesse au passé. Il faut admettre que mes lectures ne font rien pour arranger les choses !

Je lisais un papier consacré aux forges des maréchaux-ferrants dans mon hebdomadaire favori et soudain … je me suis souvenu du dernier atelier en centre ville…

L’ ultime maréchal-ferrant que j’ai connu en activité était installé dans le haut de la rue de Lisieux, là où l’avenue forme carrefour avec le boulevard Lyautey, à l’endroit où la Triperie Gimer avait établi ses bureaux avant d’emménager en zone industrielle.

Du matin au soir, Percherons et Cobs s’y succédaient sagement et au rythme des marteaux qui tapaient en mesure sur les fers rougis par le feu nous contemplions ce « maître-artisan » qui avait revêtu un tablier de cuir…Nous respirions aussi avec avidité cette corne brûlée qui sentait… bon !


A ce propos, je me souviens soudain de cette odeur de crottin qui envahissait les rues de la ville.

Quand j’étais gamin, le marché du lundi, qui n’est plus aujourd’hui que l’ombre de ce qu’il a été, était surtout fréquenté par des carrioles et des chevaux. Dans l’attente que « les princes consorts », comme les appelaient LA VARENDE, aient terminé de faire la tournée des cafés, les voitures hippomobiles, dételées, étaient rangées principalement « cour de l’Ecu» prés de l’église et du garage Devèze.

 Pendant ce temps, on donnait à boire et à manger aux destriers qui, tard, le soir, étaient chargés de reconduire les paysans dans leurs fermes. Parfois, enivrés par cette journée où dans les « cabarets » ils concluaient successivement «  les traités » les paysans étaient traînés par leurs montures devant un estaminet où ils s’arrêtaient aussi fidèlement qu’un autobus …Ces cafés avaient pour enseigne « Au dernier sou ».

Souvent, fins saouls, ils ramenaient leurs patrons, qui dormaient du sommeil du juste, jusqu’à l’écurie… Il arrivait aux paysans de dormir là jusqu’au lendemain matin…

J’ai connu la dernière carriole qui fréquentait le marché de Vimoutiers. Un père et son jeune fils venaient toutes les semaines de Champosoult et donnaient leur attelage à réviser chez Maurice Lelong, le dernier bourrelier, rue aux Moines. Je me souviens de Maurice Lelong refaisant les capotes et les sièges de ces carrioles d’un autre âge…
Dès que le père mourut, le fils n’attendit pas longtemps pour s’acheter une camionnette. Peut-on lui en vouloir ?


Ayons une pensée pour ces fidèles compagnons du paysan normand qui finirent pour la plupart sous le merlin des tueurs de l'abattoir de Vaugirard. Savaient-ils ce qui allait se passer ? Toujours est-il que je les ai vus pleurer...
Je me souviens pourtant que chez le "Père Mauviet" au "Mur" des Champeaux seul le Percheron pouvait trimballer les chargements de pommes quand les terres étaient détrempées par la pluie. Les tracteurs n'étaient pas adaptés au Pays d'Auge et puis, chaque année, ils ne donnaient pas un poulain à leurs maîtres.
Je me souviens d'un "naisseur" de champions qui a adouci la vieillesse d'un grand nombre de chevaux de travail. Ce paysan s'appelait Maurice Lecomte et fut le maire de Canapville...


Je me rappelle aussi du passage des étalonniers du Haras du Pin qui traversaient fièrement la ville, leurs sabots claquant sur le bîtume et du pas harmonieux de Mr.Gauthier et de sa monture . Le premier entraîneur de "Lutteur B", né à Vimoutiers, fut diplômé olympique à Athènes grâce à son driver Pierre Jonquières d'Oriola - Ce fut alors la seule médaille d'or qu'on remporta ! -


"Cet heureux temps n'est plus ...." Vimoutiers n'a plus droit à tant d'honneur...

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