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samedi 6 août 2011

VIMOUTIERS : "LE COUPERET" n° 3

Faire une liste contre Dumeige n'était pas chose facile. Si en 1965 il avait réussi à se faire élire Maire grâce au ralliement de dernière minute de Roland Picco, il avait ensuite assis largement son pouvoir. En 1971, il battait à plate couture le Docteur Jean Gaulin, gendre et successeur de M.Gavin à la Pharmacie qui avait été élu en 1967 au siège de conseiller Général de Vimoutiers. Il raflait tous les sièges et en 1973 il devenait Conseiller général puis Vice-Président du Conseil Général.

En plus, sa position au plan professionnel le faisait craindre de bien des gens.
Le premier noyau de candidats fut formé parmi les opposants affichés au maire sortant . Jean Gaulin, Mr.Depoilly, anciens candidats de 1971 ayant refusé de se joindre à nous ce fut Yves Le Secq, commerçant, ancien de la liste Gaulin qui accepta de venir s’y coller . 
En plus des opposants, il y eut d'anciens colistiers de Dumeige déçus comme Mr .Leriche, ancien facteur et des membres des "Indépendants" car, bien entendu, Hubert Bassot , pour d'autres raisons, avait accepté de nous épauler dans cette aventure. Il y avait aussi et pour la première fois, la gauche locale .

Nombreux furent les notables qui par crainte de répercussions refusèrent de nous suivre. ….CENSURE (1)
A quelques semaines de la clôture des listes, il nous manquait encore deux candidats. Alors, je proposais de passer une petite annonce dans le "Réveil normand" en rubrique "offres d'emploi" : "Liste d'opposition vimonastérienne  recherche candidats n'ayant pas peur de déplaire à maire sortant. S'adresser liste Le Secq". C'est ainsi que l'on trouva nos deux derniers candidats.

Au départ et jusqu'au lancement officiel de la campagne, il n'y eut pas de tête de liste. Nous avions convenu que cette désignation se fasse au dernier moment par un vote. Cela nous a permis de nous mettre à l'abri des attaques. En fin de compte ce fut Yves Le Secq qui prit la tête des opérations.
Face aux importants moyens de propagande de la partie adverse, nous n'avions que peu de moyens aussi grâce à la participation de tous les candidats nous avons réussi à éditer un journal "Le Petit Vimonastérien…libéré" clin d'œil à notre action passée.

La campagne fut très dure, de part et d'autre, les attaques personnelles fréquentes et féroces.
Au soir du premier tour de scrutin, la déception était sur tous les visages. Seul Yves Le Secq était élu tandis que la liste Dumeige emportait 13 sièges. Découragé, Yves Le Secq pensa un moment démissionner puis nous reprîmes courage et nous préparâmes à affronter le second tour. Ce courage fut renforcé par la visite de plusieurs Vimonastériens qui nous firent remarquer qu'ils avaient noté de nombreuses irrégularités pendant le scrutin.
1°) Les enveloppes bleus avaient été envoyés avec les professions de foi.
2°) L'urne, après l'élection avait été transférée dans une pièce à part
3°) Seul le maire avait eu accès aux bulletins
4°) A certaines tables plusieurs dizaines d'enveloppes vides avaient été vues à la suite…
Parmi ces Vimonastériens, il y avait Monsieur Grégoire TROBOIS,  ancien conseiller municipal d’opposition et …Professeur de mathématiques !

Dés le début de la semaine, nous décidions d'entamer une action auprès du tribunal administratif pour fraude électorale, notre demande étant constituée de 16 irrégularités !
Nous finîmes par choisir Me Parléani.

Au deuxième tour, il va sans dire que la vigilance était de règle dans notre camp.
Sur les neuf conseillers restant à élire nous emportions 8 sièges et Dumeige 1 seul !

Les Vimonastériens avaient-ils complètement changé d'avis en quinze jours ?

Je figurais parmi les élus de ce second tour et me réjouissais de notre succès.

Lorsque l'affaire vint quelques semaines plus tard devant le Tribunal administratif de Caen, notre partie- défendue par un stagiaire - Me Parléani n'ayant pu se déplacer - était déboutée et Dumeige, défendu par l'un des ténors du barreau de Caen, complètement absous.



Devions-nous faire appel de cette décision devant le conseil d'Etat ? Nous nous sommes posés la question mais nous n'avions pas les moyens de cette démarche.

En avril 1978, alors que je déjeunais au Vitou aux côtés de Jean Dumeige, ce dernier, avec un sourire ironique, se tourna vers moi et me confia sourire aux lèvres : " Dommage que vous ne soyez pas allés devant le conseil d'Etat, les élections auraient été cassées… !"


( A SUIVRE)
(1) Ca fait un peu comme les cartes de prisonnier militaire en Allemagne pendant la guerre...

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