De plus, nous n'avions pas d'argent dans la caisse et la ville, qui devait à l'époque faire face aux coûteux travaux de restauration de la toiture de l'église Notre-Dame, m'avait fait savoir qu'il n'était pas question d'intervenir financièrement pour Le Pont-de-Vie.
En 1986, durant l'été, je profitais d'une réunion de travail organisée à mon initiative à la Mairie en présence de Mademoiselle Mosser, Directrice Régionale des Affaires Culturelles, pour relancer le projet. Je l'emmenais visiter l'édifice et lui faisais part de nos intentions et de nos problèmes.
Le 2 septembre 1986, la D.R.A.C. ( qui était la « supérieure » du conservateur départemental), écrivait au Maire de Vimoutiers " :
…Lors d'une réunion de travail à Vimoutiers vous avez attiré mon attention sur l'église du Pont-de-Vie. Il m'est possible aujourd'hui de vous apporter un certain nombre de précisions. Cet intéressant édifice rural est inscrit à l'Inventaire départemental de l'Orne mais ne paraît pas relever d'une protection à l'Inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.
La mise au point de l'inventaire des objets mobiliers conservés dans l'église a été programmée au printemps 1986 par le Conservateur des Antiquités et Objets d'Art de l'Orne…
Le hameau aux abords de l'église a gardé son aspect agreste du siècle dernier. La présence d'un ensemble de constructions - ferme à pans de bois avec pressoir ; bâtiment de ferme en pierre du XVIIe siècle ; Manoir à pans de bois du XVIe siècle) constitue un atout culturel pour la ville de Vimoutiers susceptible d'un attrait touristique, à condition de veiller à la sauvegarde de cet environnement.
L'église elle-même pourrait bénéficier pour sa restauration d'une aide du Ministère de la Culture et de la Communication au titre du patrimoine rural non protégé, dans la limite des crédits mis chaque année à ma disposition.
Le cas échéant, il vous appartient de saisir le Conservateur Régional des Monuments Historiques pour constituer le dossier de demande de subvention…"
Malgré mes interventions réitérées auprès du Maire, aucune demande de subvention ne fut faite… !
Comme la consigne lui en avait été donnée par le DRAC et comme il en est fait mention dans la lettre pré-citée, le conservateur départemental procéda en 1986 à la mise au point de l'inventaire des mobiliers protégés conservés dans l'église.
Le 29 janvier 1987, la Mairie de Vimoutiers accusait réception de l'arrêté du Président du Conseil Général de l'Orne inscrivant au répertoire départemental des Objets Mobiliers les objets suivants :
" EGLISE SAINT DENIS DU PONT DE VIE :
- Maître-Autel : retable à deux pilastres et fronton cintré, bois peint (XIXe siècle)
Tabernacle carré à pilastres, même époque.
"Sacré Cœur" Toile signée Daverne (1855) 1,10 m x 0,90 m
- Autel Nord : Retable à colonnes ioniques et fronton cintré, bois peint du XIXe siècle
Autel rectangulaire, même facture, même époque.
- Autel sud : Même facture, même époque que l'autel latéral Nord.
- Lutrin : bois, facture rustique, 1,70 m x 0,60 m, au sud-ouest du chœur.
- Grille du Chœur en bronze du XIXe siècle
- Chancel, bois, XIX es.
- Lustre : verrerie du XIXe s. dans la nef.
- Bannière des enfants de Marie : Moire blanche - 1849 - 1,25 m x 1,00 m.
- Immaculée conception au recto, cœur de Jésus et Marie
Au verso. Toiles peintes signées Daverne.
- Bannière : Damas rouge et toile peinte -St Denis - XIXe s. - 1,40 m x 1,10 m.
Dans la sacristie.
- Drap mortuaire : velours noir avec application de tissus ..
XIXe siècle - 2,80 m x 1,70 m, dans la sacristie."
En novembre 1987, à l'issue d'une réunion municipale, alors que je m'apprêtais à prendre congé de mes collègues, j'entendis le secrétaire général de la Mairie dire à Me Dumeige à mots couverts " : Je me rends immédiatement au Pont-de-Vie constater à quel stade en est le chantier." Etonné, je demandais au secrétaire de Mairie de quel chantier il était question. Il me répondit avec son flegme habituel :" Le chantier de restauration de l'église du Pont-de-Vie !"
Abasourdi, dans un premier temps, par cette réponse, je lui demandais, après avoir repris mes esprits quel était le responsable municipal qui avait pris la décision de faire réaliser ces aménagements - la commission des affaires culturelles et moi-même, Maire adjoint en charge du dossier, n'ayant pas été saisis ni même avisés - quelle(s) partie(s) de l'édifice étai(en)t concernée(s) et à quelle entreprise ils avaient été confiés.
A juger de la réaction embarrassée de Dumeige, j'aurais juré qu'il n'était pas au courant de cette opération et pourtant les courriers adressés précédemment à l'ouverture du "chantier" au conservateur départemental et à l’ architecte des Bâtiments de France m'ont prouvé par la suite qu'il en était bien informé … à moins qu'il n'ait signé ces deux courriers sans les lire ! (ce n'aurait pas été la première fois)
A propos du décisionnaire, la réponse fut très évasive. Le secrétaire général visiblement exaspéré par mon insistance, me précisa qu'il avait fallu "agir dans l'urgence !".
Une proposition de stage lui avait été faite quelque temps plus tôt par un organisme de Lisieux de mettre à la disposition de la ville dans de brefs délais une équipe de jeunes en formation. Cela à titre gracieux, la ville n'ayant que les matériaux à fournir.
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