Le projet de restauration de l'Eglise Saint-Denis
Avant d'élaborer le projet, plusieurs visites de l’édifice eurent lieu.
Des photographies ( que je conserve pieusement) furent prises, des relevés effectués.
Les membres de la SHV proposèrent à la ville, avec son accord préalable en tant que propriétaire du monument, de réaliser bénévolement les travaux sous la direction technique de professionnels compétents.
Pour étoffer et encadrer l'équipe de bénévoles et recueillir les fonds nécessaires au fonctionnement du chantier, la SHV lança par voie de presse un appel qui fut notamment entendu par Matei Beldiman-d'Orval, architecte à Argentan, successeur d'Hervé Clouet d'Orval qui accepta, le 10 octobre 1984, de nous apporter à titre gracieux ses compétences ; par Meautry, artiste peintre et par un artisan plâtrier de Vimoutiers.
L'église ayant bénéficié d'une inscription à l'Inventaire Supplémentaire Départemental le 17 octobre 1984, …CENSURE … le Directeur des Services d'Archives et Conservateur des Mobiliers et Objets d'Art de l'Orne, réagissait à un article de presse rendant compte de notre projet et écrivait à Me Dumeige, Maire de Vimoutiers :
" …Ayant eu connaissance par la presse locale du projet de la Société Historique de Vimoutiers d'entreprendre avec l'accord de la commune la réfection de l'Eglise Saint-Denis du Pont-de-Vie, initiative dont je me réjouis, je me permets d'attirer votre attention sur la nécessité d'obtention préalable du visa technique de la conservation départementale des Antiquités et Objets d'Art pour tous travaux affectant le décor intérieur d'un édifice…"
Le 25 octobre 1984, Me Dumeige m'ayant transmis la lettre de Madame le Conservateur pour lui donner suite, j'écrivais, en qualité de Maire adjoint, à celle-ci - lettre à entête de la Mairie de Vimoutiers enregistrée SDH- 84/AD/1929 - " :
"…j'ai l'honneur d'accuser réception de votre correspondance du 17 octobre 1984 relative au projet de réfection de l'église du Pont-de-Vie. Nous ne manquerons pas de solliciter votre aide lorsque le moment sera venu, c'est à dire lorsque la Société Historique de Vimoutiers et Monsieur Beldiman, Architecte, qui a accepté d'être notre conseil…auront défini les travaux qu'ils ont l'intention d'y effectuer…"
A la fin de ce même mois d'octobre, lors d'une réunion informelle du conseil d'administration de la SHV, je déclarais, très « churchillien » : " : La restauration de l'église du Pont-de-Vie va exiger beaucoup de temps, de dynamisme, de bonne volonté et de l'argent…"
Le 9 décembre 1984, réunis en assemblée générale à Roiville, les membres de la SHV approuvaient le projet de restauration que je leur présentais.
Le 13 décembre, après avoir lu dans la presse le compte-rendu de l'assemblée générale précitée, le conservateur départemental, sous couvert de Monsieur le Sous-Préfet d'Argentan - afin d'officialiser et de renforcer sa démarche - adressait à Me Dumeige un nouvel avertissement qui m'était immédiatement transmis :
"… Le projet de la Société Historique de Vimoutiers d'entreprendre la réfection de l'église du Pont-de-Vie fait l'objet de communiqués réguliers dans la presse locale. Je me permets d'attirer votre bienveillante attention sur l'opportunité d'élaborer en concertation avec la Conservation Départementale des Antiquités et Objets d'Art tout projet de modification ou de restauration du décor intérieur des églises. Outre le rôle de conseil technique, ce service instruit en effet les dossiers de demandes de subventions tant auprès du Département de l'Orne qu'auprès du Ministère de la Culture qu'il représente au plan local…"
En mai 1985, dans un souci d'apaisement, je lui adressais un nouveau courrier afin de lui proposer une réunion des divers partenaires concernés par la restauration de l'église.
Par lettre, en date du 9 mai, Madame le Conservateur me faisait part de son accord et me proposait une rencontre à Vimoutiers le 5 juin.
Suite à cette réunion, elle adressait le 12 juin à Me Dumeige un compte-rendu dans lequel elle lui faisait part de ses observations :
" 1 - Clos de l'édifice :
La réfection des vitraux ainsi que la pose des grillages de protection constitue une priorité absolue afin d'assurer le clos de l'édifice.
Une deuxième étape consisterait à effectuer un drainage et une reprise en sous œuvre de la base des murs - contacter Monsieur Lefèvre, architecte des Bâtiments de France…)
Enfin la reprise de la maçonnerie pourra être envisagée avec un enduit à chaux et à sable à "joints beurrés".
2 - Décor intérieur :
Les retables latéraux, très disjoints, nécessitent une consolidation. Cette restauration pourrait intervenir lorsque les travaux de gros œuvre auront été réalisés.
Par la suite, le dégagement des piliers des premières travées de la nef, sous le faux plancher et jusqu'au contact des retables latéraux, contribuera à améliorer sensiblement l'aspect intérieur de l'édifice.
Par ailleurs, je me permets de vous rappeler ( 3) la nécessité d'obtenir communication des plans et du projet élaboré par la Société Historique de Vimoutiers afin de permettre une meilleure harmonisation des vœux locaux et de nos propres impératifs…"
En bref, elle nous prenait pour des abrutis …
On préférait laisser ce sanctuaire dans l’état plutôt que d’en confier la restauration à n’importe qui …
Le 26 septembre, afin de pouvoir réaliser les travaux de première urgence, je sollicitais auprès de Bernard Alexandre, Maire adjoint de Vimoutiers chargé des travaux une réunion de concertation.
Je précisais à mon collègue que les travaux ne pourraient commencer avant que la ville ne fasse, même provisoirement, installer l'électricité dans le bâtiment qui en était complètement dépourvu.
Lors de l'assemblée générale annuelle de la SHV, le 1er décembre 1985, à Camembert, Patrice Samson, secrétaire, dans son rapport moral de l'année écoulée, regrettait le retard pris dans le projet de restauration de l'église Saint-Denis du Pont-de-Vie. Notre secrétaire mettait en cause la conservatrice départementale qui le 9 janvier 1986 réagissait vertement par lettre à ses propos " :
… J'ai éprouvé un vif étonnement à la lecture des lignes consacrées par le journal …. du 5 décembre 1985 à l'assemblée de la Société Historique de Vimoutiers dont vous êtes le secrétaire. Je cite " Dans le rapport moral, M.Patrice Samson a évoqué les activités de la société. Il a regretté que le projet de restauration du Pont-de-Vie soit en panne en raison de la trop vive diligence de …CENSURE…, le Conservateur en chef des archives…" La rigueur et l'objectivité historiques qui vous animent, en tant que responsable d'une association à but scientifique, ne manqueront pas de vous inciter à rétablir l'exactitude des faits en cause sachant qu'aucune suite n'a été donnée de votre part à la demande que j'avais formulée lors de ma visite du 5 mai dernier auprès de Monsieur Boittin, membre de votre association, qu'au rappel formulé auprès de Monsieur le Maire de Vimoutiers dans mon courrier du 12 juillet 1985 pour obtenir de la société historique "communication des plans et du projet élaboré par ses soins afin de permettre une meilleure harmonisation des vœux locaux et de nos propres impératifs….
…Dés que j'aurais pris connaissance du projet précis de restauration élaboré par la Société, je ne manquerai pas par ailleurs de formuler plus en détail les conseils techniques dont
j'avais déjà exprimé les grandes lignes dans mon courrier déjà cité à Me Dumeige…"
Le chantier était en panne, c'est vrai, et nous étions impuissants à faire évoluer le cours des évènements !
Nous ne pouvions entreprendre quoi que ce soit sans l'accord du département auquel nous devions fournir au préalable un projet détaillé et des plans.
Mr.Beldiman, malheureusement, s'il nous avait offert bénévolement son concours, ne pouvait nous faire cadeau du volumineux dossier sollicité par le conservateur départemental .
(3) 3e fois
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire