La rue aux Moines de Jumièges, dénommée ainsi depuis 1953, intègre elle-aussi une partie du tracé de la voie gauloise qui desservait Vimoutiers à l’origine.
Autrefois dénommée « rue aux Prêtres » - appellation qui subsiste dans son prolongement vers La Hunière – elle rend hommage aux humbles et paisibles moines bénédictins qui pendant huit siècles ont veillé à la sécurité et à la prospérité de la cité.
Vers 950, pour les remercier de l’avoir délivré des griffes du Roi de France, Richard 1er fit don à Osmont, son écuyer, ainsi qu’à une poignée de fidèles compagnons, des terres de Vimoutiers que les Ducs de Normandie avaient jusqu’alors conservées comme leur apanage personnel ( Le Duc Richard ne conserva pour lui-même que le Manoir et ses dépendances).
En 995, ceux-ci donnèrent la Baronnie de Vimoutiers à l’Abbaye de Jumièges, puissant établissement religieux situé dans les méandres de la Seine.
Dans l’ « Histoire de Jumièges »(1881) on peut lire :
« Sous Robert, 25e Abbé, don à l’Abbaye de Jumièges par Osmont de Getez et ses copartageants, de la Terre de Vimoutiers, du patronage, des dixmes, prairies, eaux, pesches, moulins et bois jusqu’à la forêt dépendante de l’Eglise Cathédrale de Saint-Pierre de Lisieux ou Sente aux Ânes…Vers le même temps, Gautier donna des marques de sa vénération pour l’Abbaye de Jumièges en lui cédant, avec l’église de la Croupte, tout le domaine de la dite-paroisse, la quatrième partie du Mesnil-Renouard en dixmes, prés et bois, avec la forêt entière d’entre Vimoutiers et Croupte, jusqu’au chemin du Mont-Saint-Michel ou Pont-de-Vie, à la réserve de deux vavassoreries ou petits fiefs dans le territoire de La Croupte… »
La propriété de ces biens sera maintes fois confirmée aux moines par les successeurs de Richard.
En 1024, Richard II fit don à l’Abbaye de son manoir et de ses dépendances.
En 1080, à la suite de démêlés ayant éclaté entre les pacifistes moines et leur vindicatif voisin Roger de Montgommery (*), le Duc Guillaume signa une charte dans laquelle il confirmait toutes les possessions de l’Abbaye de Jumièges en Normandie et notamment à Vimoutiers .
Dès leur installation dans la cité naissante, les moines firent construire une église dédiée à Notre-Dame.
Les Bénédictins de Jumièges ont marqué d’une empreinte indélébile Vimoutiers où ils exercèrent jusqu’en 1791 les pouvoirs spirituel et temporel.
Ils défrichèrent la terre, firent reculer la forêt, créèrent la première auberge, le premier marché ainsi qu’en témoigne une charte datant de 1030. Il firent creuser le bief, bâtir les premiers moulins.
Au XI e siècle, à Crouttes, les moines édifièrent une grange dîmière et fondèrent un prieuré où résida l’écclésiastique chargé de l’administration des biens de l’Abbaye dans la région.
Sur leur ordre du Prieur furent construites la première « halle aux bouchers » puis la halle aux toiles (XVI e siècle).
Vers la fin du XI e siècle, l’Abbaye de Jumièges décida de fieffer ou de vendre de nombreuses et grandes parcelles de terre situées autour de Vimoutiers.
Le 13 avril 1147, le Pape Eugène III confirmait aux moines dans une bulle la propriété des terres de Vimoutiers : « Dans le Diocèse de Lisieux,Vimonasterium avec l’église Sainte-Marie ; Cruptas, avec l’église Saint-Michel, ses dixmes et ses dépendances… »
En 1229, le Prieur de l’Abbaye dut faire face à un vent de contestation de la part d’une poignée d’habitants de la région. Les vavassoreries de Villeneuve, Malvoue et Cutesson menaient la rébellion.
En 1263, une chapelle était édifiée au manoir de La Gosselinaie malgré l’opposition du Procureur de l’Abbaye.
En 1336, une nouvelle charte autorisa les moines à construire deux moulins : l’un à l’extrémité de l’actuelle rue du Moulin et l’autre au Nord, à l’endroit où il subsiste encore aujourd’hui ( au bas de l’avenue du général de Gaulle).
Vers 1580, suite à l’incendie du manoir, provoqué par les Anglais, ils firent construire une hostellerie. Ce magnifique bâtiment en pans de bois sculptés, véritable joyau de l’architecture augeronne, fit la renommée de Vimoutiers jusqu’en 1944.
En 1761, le Prieur décida de louer les terres de la Baronnie de Vimoutiers qui appartenaient encore à l’Abbaye : Le Vaucanu, Les Noyers, Les Monceaux et La Hunière.
En 1787, l’église Saint-Sauveur ayant été démolie, on agrandit l’église Notre-Dame. La pose de la première pierre donna lieu à une importante cérémonie présidée par le Prieur de l’Abbaye de Jumièges.
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