Pages vues le mois dernier

dimanche 17 avril 2011

ECONOMIE : LA FONDERIE DE PONTCHARDON SACRIFIEE ?

je me souviens du titre d'un de mes articles :
PAMCO ne doit pas fermer !

j'ai vraiment connu la fonderie de Pontchardon en 2004  . J’étais à l’époque membre de l ’U.D. CGT ORNE et bientôt secrétaire général . Mon prédécesseur m'avait informé de la teneur du dossier.

PAMCO c'était alors 2 usines :
-         une à Pontchardon
-         et une autre à Rochefort S/Mer non loin de La Rochelle.

Les salariés et la CGT (ainsi que ceux de la CFDT ) luttaient depuis plus de 10 ans pour le maintien de la fonderie : 270 employés à Pontchardon .
Si leur sort s’était amélioré depuis quelques dizaines d’années ( L’ancien patron de la SFAR disaient qu’on rentrait chez lui par « vocation » !! ) certains employés continuaient de travailler en plein air par tous les temps.

Mauvaise gestion, commandes qui chutaient petit à petit, des démarcheurs travaillant pour des sociétés concurrentes !! Tel était le triste constat que nous pouvions établir…

Les bureaux, quant à eux, (Seul point positif !)  étaient neufs ! Le réfectoire était noir ,les toilettes étaient noires , les visages des ouvriers étaient noirs mais, la direction avait pour habitude de proclamer ( et ce, depuis très longtemps) « c'est l'emploi ou des travaux ! »

Même l'inspection du travail avouait fermer un peu les yeux de peur que l'usine ferme et du coup le COMITE D’HYGIENE n'était pas trop exigeant, privilégiant l'emploi à la modernité du site !

Au nouveau projet de liquidation judiciaire (Le Comité d’Entreprise était au courant des difficultés de PAMCO), estimant que la situation était grave, je me suis rendu sur place.

on a décidé d’une réunion publique dans une salle de la mairie . Beaucoup de salariés , d'habitants de PONTCHARDON ,le maire le conseiller général ,étaient là . Michel Ducret et moi même étions dans cette salle, bien décidés à ne pas laisser faire!

La moyenne d'âge des salariés, sauf erreur de ma part était de 47ans !  Certains, en longue maladie à force de respirer la poussière de coke, étaient absents .

au bout de deux réunions , j'ai proposé une action commune avec les salariés de Rochefort qui étaient, eux aussi, menacés de fermeture.

Dans ce dossier difficile, Michel, un ancien fondeur, a apporté de nombreux éléments positifs , car il avait subit la fermeture de sa fonderie ( pourtant plus moderne) !
Mais, on ne savait pas qu’en France , il ne devait plus rester de fonderie.

Déjà en 2004 ,celle de Flers avait fermé ses portes car on disait alors qu’elle n’était plus aux normes et attirait trop de plaintes des riverains. (Comme le disait Monsieur Jean DE LA FONTAINE : «  Quand on veut tuer son chien on l’accuse de la rage… »

Mais, à Pontchardon ,tout le monde avait un intérêt quelconque à la fonderie.
Il n’y avait même que ça !

A Rochefort , les employés étaient plus nombreux à chaque réunion du tribunal du commerce. On a fait un pique nique géant place Montsort et une manifestation en ville pour aller au Palais de Justice.

Seuls les copains de Pontchardon étaient absents car le conseiller général de Vimoutiers les avait emmenés par un bus (qui faisait la sortie des écoles) et il a donné l’ordre au conducteur d’aller directement au tribunal . Ils sont repartis a 15h30 pour laisser le bus aux scolaires…  à l'heure ! (Un sou c’est un sou !) .
Il y avait bien une manifestation annoncée en ville ,mais, il fallait tout faire pour la réduire . C’était la vision du Président du Conseil Général de l’époque .

Rien n'y a fait ,la liquidation a été prononcée!

Une scoop a vu le jour pour maintenir la fonderie de Pontchardon en activité . Chaque salarié a mis sur la table minimum 10 eus pour garder son emploi …

Moi, je l'aurais bien fait à titre personnel, mais voyant que le conseiller général divers droite UMP l'avait fait … je m'y suis finalement refusé.

C’était, me semblait-il, un moindre mal, mais, restait la question de la dépollution du site ( qui avait été un couvent et datait du XIXe siècle !), les salariés avaient une  assurance de la DRIRE pour quelques années. Quand on visitait Pontchardon, on se croyait revenu au temps de Zola …

Certains avaient parié sur la fermeture de l’usine augeronne mais, malheureusement, cela a été le cas pour Rochefort.

La création de la scoop a permis de sauver temporairement un peu plus de 100 salariés.

J' avais fait des propositions , à la réunion publique , et notamment récupérer la première coulée pour en faire des plaques de cheminées !!
Les plus éprouvés dans l'affaire de la scoop ont été ceux de la cellule de reconversion.
Quelques personnes, étrangères  à la fonderie ,leur avaient assuré un effectif de 270 personnes ,mais, le compte n'y était pas...

j'ai reçu le directeur de la cellule et il a bien compris que le rôle de la CGT était le maintien de l’emploi . 
Un représentant des scoops est venu me voir à l'UD en 2007, pour me demander pourquoi, nous étions devenus subitement silencieux depuis la création de la scoop de Pontchardon .
Je lui ai répondu que c’était le choix des salaries et de leurs syndicats . Si les employés avaient des soucis , ils pouvaient toujours compter sur les élus de la CGT et pouvaient même faire appel à l'UD.

L’expérience qu'on avait des scoops à la  CGT n’était pas vraiment un succes, mais dans le cas présent cela permettait à des ouvriers de continuer a travailler 5 ou 6 ans de plus.
Je lui ai cité la fonderie de Flers (qui était aussi en scoop et qui, malgré des commandes fermes, a été contrainte de fermer ses portes sur injonction du préfet et de la DRIRE) et même une scoop créée dans le textile sur la commune de La Ferté-Macé en 1981 (Elle a dû, elle aussi, fermer très vite !..)


Jean-Louis REMANDE (*)
 (ex secrétaire général de l’U.D. CGT Orne )



(*)a écrit une excellente autobiographie intitulée "LE JOURNAL D'UN REBELLE"


Note de Gérard ROGER :
Je remercie vivement mon ami Jean-Louis REMANDE d'avoir produit un texte sur l'usine de Pontchardon à ma demande. 
Quand j'ai visité la fonderie, au cours des années 70, sous la conduite de Mr.Métra, j'avais l'impression d'être revenu à l'époque de Germinal . 
La fonte en fusion était convoyée dans les allées et les ouvriers agissaient sans aucun mode de protection. Ceux-ci étaient amorphes et j'ai compris depuis ce jour pourquoi la plupart d'entre-eux, à la sortie de l'usine, avaient besoin de s'accouder à un bar et de boire un ou plusieurs verres. Ces hommes avaient un terrible besoin de décompresser ...


Aucun commentaire: