archives personnelles - Extrait du livre "Jours de gloire et jours cruels" avec le Président Eisenhower et le Premier Ministre anglais Winston Churchill . |
Né à Vimoutiers en 1889, Joseph Laniel était l’un des fils de l'industriel Henri Laniel, originaire de Lisores, après avoir été le plus jeune officier de l'Armée française et combattu vaillamment durant la première guerre mondiale - Officier de Cavalerie puis Officier d'artillerie il termina la guerre avec le grade de Capitaine, la Croix de Chevalier de la Légion d'Honneur et la Croix de Guerre avec quatre citations -.
Il fut élu en 1919 maire de la commune calvadosienne de Notre-Dame-de-Courson et Conseiller Général de Livarot.
En 1932, il succède à son père aux fonctions de Député du Calvados.
En 1936, il est reconnu comme l'un des meilleurs spécialistes en France des questions économiques et financières.
En 1940, Paul Reynaud lui confie le poste de Sous-Secrétaire d'Etat aux Finances. C'est alors qu'il fait la connaissance du Général de Gaulle nommé à la même époque Sous-Secrétaire d'Etat à la Guerre.
Après la démission du Gouvernement et l'armistice , il regagne tout d'abord la Normandie puis se réfugie en Dordogne dans une propriété appartenant à son frère Hubert, Maire du Sap.
Répondant à la convocation du Parlement, Joseph Laniel se rend à Vichy où il vote les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain.
A propos de ce vote de confiance qu'on lui reprochera plus tard, Laniel s'est expliqué dans ses mémoires :"Ce que je voyais et entendais, en particulier les manœuvres de Pierre Laval, me poussaient à voter contre. Mais voter contre c'était à ce moment voter pour le néant puisqu' aucune autre solution n'apparaissait possible. Ce n'eut été qu'un geste symbolique et sans portée.."
Avec sa famille, Joseph Laniel s'installe à Bellerive, aux environs de Vichy.
Il y restera trois ans, mettant cette période à profit pour mener, dans la clandestinité une action de résistance à l'ennemi dont il est d'ores et déjà convaincu de la défaite finale.
Durant ces trois années l'activité de Joseph Laniel consistera à recueillir une foule de renseignements auprès de ses diverses relations mais aussi auprès des services du gouvernement de Vichy , où il possède une antenne. Il transmet ensuite ces informations aux alliés par l'intermédiaire notamment de l'Ambassade des U.S.A. à Vichy.
Laniel tente également de convaincre ses collègues parlementaires de l'utilité de continuer clandestinement le combat contre l'envahisseur.
Divers mouvements de résistance ont connaissance de son action et il reçoit, afin d'établir des contacts réguliers, plusieurs visites dont celle de René Capitant et de proches collaborateurs de Georges Bidault.
Joseph Laniel se rend aussi à Lyon où la résistance se développe, afin de nouer d'utiles relations avec les responsables locaux.
Il obtient, sans éveiller les soupçons du gouvernement Pétain, l'autorisation de rendre périodiquement visite à Paul Reynaud, emprisonné au Fort de Portalet. Il y rencontre également les Présidents des Chambres Edouard Herriot et de Jules Jeanneney.
Après le débarquement américain en Afrique du Nord, Laniel rejoint Paris…
… et en 1943 il participe à la fondation du Conseil National de la Résistance comme représentant des Indépendants .
Dans ses mémoires publiées aux Presses de la Cité en 1971 et intitulées "Jours de Gloire et jours cruels" Joseph Laniel rapporte en ces termes la première réunion du C.N.R. :
"…A peine rentré à Paris, je repris contact avec mes camarades de la Résistance. J'appris que , bientôt, les divers mouvements allaient fusionner sous une direction unique. Un jour, un émissaire de Georges Bidault me fit savoir que j'avais rendez-vous le lendemain matin près de la Place de l'Alma devant le restaurant "les trois marronniers" avec un résistant que je reconnaîtrais au mouchoir qu'il tiendrait à la main. Il me conduirait en un lieu secret où devait se tenir une importante réunion. Au rendez-vous, je trouvais un jeune homme de haute taille, brun, fort distingué, qui me déclara me conduire au 48, Rue du Four. Nous marchâmes côte à côte parlant de choses et d'autres, nous retournant de temps en temps pour vérifier que nous n'étions pas suivis. Bien des années après, le grand jeune homme brun qui n'avait pas beaucoup vieilli me dit un jour :
- " Vous rappelez vous le guide qui vous conduisit à la première réunion du Conseil National de la Résistance ?"
- "Certes" lui répondis-je "mais j'ai toujours ignoré son identité et je ne l'ai pas vu assez longtemps pour fixer, à coup sûr, ses traits dans ma mémoire."
- "Eh bien ! c'était moi!" me dit Félix Gaillard, alors Président du Conseil.
Certes, en mai 1943, déambulant dans Paris occupé, nous ne nous doutions pas que nous deviendrions l'un et l'autre chefs du Gouvernement de la quatrième République. Je me doutais moins encore qu'il me serait donné de voir, en juillet 1970, disparaître dans la force de l'âge, ce cadet de trente ans, perdu en mer au large de la Bretagne…
La rencontre se déroula dans un appartement courageusement prêté par un camarade de la Résistance, Corbin. Il s'agissait de la réunion constitutive du Conseil national de la Résistance.
Je ne connaissais les visages que d'un ou deux participants. Je n'avais, en particulier, jamais rencontré Jean Moulin, qui présidait la séance. Nous nous présentâmes les uns aux autres sous nos noms de guerre. Puis, Jean Moulin prit la parole, exposa le but de la réunion, à savoir la création d'un organisme dont la mission serait de coordonner l'action des divers mouvements, de leur indiquer les objectifs poursuivis, de répartir entre eux les armes dont nous serions pourvus, notamment par parachutage, de les préparer à jouer ultérieurement, quand viendrait l'heure de la libération, un rôle efficace dans les opérations militaires, bref, de prendre la tête de la Résistance intérieure, en liaison avec le Comité Extérieur de la Libération du Général de Gaulle dont Jean Moulin lui-même était le délégué.
Il indiqua la composition du Conseil qui comprenait les représentants des principaux mouvements de résistance, des centrales ouvrières et des grandes tendances politiques. Nous étions 16, je représentais l'Alliance Démocratique…"
UNE GENEREUSE PROPOSITION
En août 1944, le surlendemain de la libération de Paris, le C.N.R., sous l'Arc de Triomphe, attend le Général de Gaulle.
Joseph Laniel raconte :
" A quelques-uns de mes camarades, tandis que nous attendions, devant le tombeau du soldat inconnu, l'arrivée du Général, je me rappelle avoir soumis, en cet après-midi du 26 août 1944, une proposition :
- "quelles heures" disais-je " sommes nous en train de vivre !
Nous avons été les chefs inconnus de la Résistance intérieure et nous allons recevoir le chef prestigieux qui l'incarnera désormais au grand jour. Ne pensez-vous pas que le C.N.R. devrait, en cet instant, décréter lui-même sa dissolution, sans faire connaître les noms de ceux qui le composent , Le geste aurait sa grandeur : la politique qui demain reprendra ses droits ne nous disputerait pas à l'Histoire, pour laquelle nous resterions les chefs inconnus de la Résistance.."
A la réflexion, cette proposition ne parût pas acceptable pour bien des raisons.
Le Général de Gaulle arrivait. A chacun de nous il adressa un mot de sympathie et ses félicitations. Puis, à ses côtés, nous descendîmes les Champs Elysées…"
Dés la fin des hostilités, en sa qualité de membre du C.N.R. Joseph Laniel siège de droit à l'Assemblée Consultative Nationale.
En 1945, il est élu Vice-Président de l'Assemblée constituante puis chef du gouvernement quelques années plus tard.
En 1958, il est élu Président de la République Française mais Le Troquer, Président du Parlement, invalide son élection sous le prétexte futile qu’il existe deux "Laniel" parlementaires.
Au 13e tour, las de cette situation apparemment sans issue, il va lui-même chercher Coty, son vieil ami, comme candidat et nous connaissons tous la suite …
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