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lundi 6 juin 2011

HISTOIRE : IL Y A 200 ANS, NAPOLEON 1er ENTREPRENAIT SA PREMIERE VISITE OFFICIELLE EN NORMANDIE OCCIDENTALE .

Emblème impérial transmis par Tanneguy de Sainte Marie et "caché" dans un grenier du Haras du Pin ( Ce sceau est en plâtre armé)




BIENVENUE A MGR . JACQUES HABERT, NOUVEL EVÊQUE DU DIOCESE DE SEEZ EN RESIDENCE A SEES . (extrait du journal inter-paroissial du Pin/ Texte de Tanneguy de SAINTE MARIE)

Pour rendre à César ce qui était à César, ne perdons pas de vue qu’au début de l’ère chrétienne, le siège du diocèse de ce qui est aujourd’hui la Basse-Normandie se situait à Exmes, très importante cité romaine . Ce n’est qu’à partir de 541 que l’évêque Passivus alla s’installer à Séez, découpage des diocèses, le Hiesmois devint l’un des 5 archidiaconés de l’évêché dont deux du Perche qui, comme chacun le sait, n’est pas en Normandie.

Le diocèse de Séez traversa l’Histoire et les histoires avec passions et tumultes. Pensez donc, on ira jusqu’à y recenser, au début du XIXe siècle, 550 paroisses et leur clergé, 12 cloîtres, 2 chapitres, 50 chanoines, 38 prieurés et 19 couvents ( pour les hommes), 5 cloîtres, 3 prieurés et 6 couvents (pour les femmes) .

Parmi les heurts et les malheurs du diocèse et de la ville de Séez, Napoléon est à l’origine d’au moins deux d’entre eux, dans le cadre général d’une certaine « mise au pas » de l’épiscopat français .

A l’issue de la campagne d’Italie (1796/1797) le duché de Savoie fut annexé à la France et avec lui … la ville de SEEZ . Cette charmante localité perchée à près de 3.000 m d’altitude, sur la route du col du Petit Saint Bernard fut autrefois chef lieu du Vicomté de Haute Tarentaise. Aujourd’hui, la très belle station de sports d’hiver est peuplée de 2.500 habitants et son église est un très bel exemple de l’art baroque .

Mais, à son époque, Bonaparte, Premier Consul, ne supporte pas que deux villes de son empire portent le même nom et, minaudant auprès des Savoyards, il décrète que la ville de Séez, dans le département de l’Orne, s’écrira SEES. La réaction des évêques de France, déjà suffisamment persécutés par les excès révolutionnaires, est immédiate et ils n’acceptent pas ce dictat. C’est ainsi qu’encore de nos jours, l’évêque du diocèse de Séez réside en la "très sainte ville républicaine de Sées" … Nous n’en resterons pas là !

Il y a tout juste 200 ans, le 22 mai 1811, au départ de Rambouillet à 5 heures du matin, l’Empereur, l’Impératrice et une suite impressionnante de cavaliers et de voitures entament un long périple hippomobile en Normandie avec quelques étapes dans l’Orne à Chandai, L’Aigle, Sainte-Gauburge, Le Haras du Pin, Argentan et Occagnes .
Puis ce sera Caen, Cherbourg et Saint-Lô avant un retour dans l’Orne pour une dizaine de jours. Le réputé diocèse de Séez avait besoin de quelques mises au point . Le 31 mai, vers 18 heures, le cortège impérial traverse la ville de Sées qui avait été pavoisée avec un arc de triomphe et grouillait de toute sa population endimanchée. Monseigneur  Hilarion-François de Chevigné de Boischollet, revêtu de ses plus beaux ornements sacerdotaux, entouré du clergé au grand complet, était en attente sous le porche de sa cathédrale. L’Equipage de l’Empereur ne s’arrêta pas et poursuivit sa route vers Alençon . Quel outrage à l’évêché de Séez …

Le lendemain , 1er juin, l’évêque, convoqué par Napoléon 1er en l’Hôtel de Guise, résidence du Préfet Lamagdelaine, se voit signifier sa révocation : «  … j’ai chassé de chez moi l’évêque de Séez, j’ai fait arrêter et conduire à Paris un de ses chanoines, j’ai fait mettre les scellés sur ses papiers . Je vous ferai parvenir la lettre de démission de l’évêque . Tout va mal dans ce diocèse … » écrit Napoléon à son ministre des cultes .

Il est vrai que le diocèse foisonnait encore, 15 ans après la révolution, de ressentiments qui divisaient les prêtres et les paroissiens insermentés et assermentés . Avec la « Bénédiction » du Préfet, François Lelièvre, ancien vicaire épiscopal de Jacques Le Fessier, lui-même ancien évêque constitutionnel, n’était pas étranger à l’aboutissement de cette affaire .

Le 12 juillet suivant, Napoléon fera arrêter Mgr. de Boulogne, évêque de Troyes ; Mgr. De Broglie, évêque de Gang et Mgr. Hirn, évêque de Tournai . Le 27 juillet, un décret impérial réglementera l’institution des évêques. Ces nouvelles règles seront acceptées par le Pape Pie VII le 20 septembre 1811 .
BIENVENUE EN L’EVECHE DE SEES, MONSEIGNEUR HABERT ! »


Pour compléter je vous invite à trouver sous ce texte l’évocation de la visite du souverain au Pin et à Argentan :

«  IL Y A 200 ANS, NAPOLEON S’ARRETAIT « BRIEVEMENT » AU PIN !

Le  22 mai 1811, à 5 heures du matin, l’impressionnant convoi impérial s’ébranle dans la cour du château de Rambouillet .
Napoléon 1er part inspecter la « Basse-Normandie », emmenant son épouse Marie-Louise, sa Suite, ses Familiers et son Etat Major . Le cortège est composé de 50 voitures, 250 chevaux de poste, 17 bidets de piqueurs, 6 brigades de chevaux de selle, 6 berlines de ville, 3 calèches à la Daumont, 50 chevaux de carrosse, 150 grenadiers, 230 chasseurs, autant de dragons et 15 gendarmes d’élite .

A midi précise, leurs majestés arrivent à Chandai dans l’Orne et déjeunent très correctement au château de Tuboeuf durant « cinq quarts d’heure ». Le convoi repart à une heure et quart et traverse L’Aigle à deux heures , puis Sainte-Gauburge à quatre heures , Le Merlerault et à cinq heures moins le quart, il arrive au Haras du Pin pour un arrêt… salutaire après tant que trajet .
Le stationnement du convoi est organisé dans la longue et large avenue principale, abordée en son extrémité Nord par la route de Paris à Argentan.
L’arrêt dure trois quarts d’heure pendant lesquels chacun se soulage. Les chevaux sont abreuvés, les harnais, les ferrures et les voitures vérifiés.
L’ Empereur se fait rapidement présenter le haras, les deux écuries de stalles où sont hébergés les grands étalons de selle à l’Ouest et les petits étalons d’attelage à l’Est.

A six heures, le convoi est à Argentan, traverse Occagnes puis Falaise et arrive dans la nuit à Caen. Après un périple de neuf jours, une visite à Cherbourg puis une autre à Saint-Lô, cette tournée est de retour dans l’Orne, à Alençon, le 31 mai.

                       
Pour terminer, voici quelques NOTES  SUR LE HARAS DU PIN dictées par Napoléon à son secrétaire à Caen le 24 mai 1811 …

«  … j’ai été assez content de l’état des chevaux et de celui des écuries . Mr d’Abzac  demande qu’on meuble un peu la maison qui est nue. Je pense que cela peut être convenable mais il faut attendre le résultat des améliorations dont l’établissement est susceptible. Déjà on  m’a assuré que la ration a été diminuée même avec avantage pour les chevaux . Un point qui a figé mon attention c’est le faible produit de l’immense domaine rural, il est de 11 à 12 cent hectares ce qui répond à 1.500 acres ; j’ai su par Mr. de SAINT-LEONARD, Maire de Falaise, qui a un domaine limitrophe de 200 acres que ce domaine, loué au dessous de sa valeur, rendait cependant 12 .000 Frs. D’après cette base le domaine du Pin devrait rendre 90.000 Frs et il n’en rend que 40.000 Frs.
Les bois sont compris dans le domaine pour 360 hectares ;la coupe annuelle est de 18 hectares ; elle ne rend, m’a-t-on dit que 7.000 Frs. On m’a assuré au Pin même (le maire) que l’hectare valait couramment 900 Frs de coupe nous n’aurions donc que moitié du produit. Il paraît qu’il y a vingt ans, le produit du domaine était de 60 à 70.000 Frs ; tout concours à prouver qu’il y a mauvaise administration. La 2e division fera une lettre très motivée à ce sujet .

Le bâtiment consiste dans un beau pavillon isolé pour le directeur avec jardins en  terrasses qui dominent une superbe plaine d’herbages et de bois, dont partie compose le domaine du Haras. Ce pavillon est précédé d’une cour entourée de bâtiments qui servent d’écuries et qui sont séparés par la grille d’entrée, se terminant de ce côté à une espèce de fer à cheval. Du côté extérieur, de chacun de ces grands corps d’écuries se trouvent deux cours formées par un autre bâtiment parallèle et par trois bâtiments en travers, celui de ces trois bâtiments qui est à l’extrémité du côté du pavillon est distribué sur la face extérieure en logements ; du côté gauche est le régisseur ; du côté droit l’inspecteur et l’inspecteur général. Le manège qui est dans la première cour latérale est très beau, il y a des écuries pour 400 chevaux … »








Texte construit avec la complicité de Tanneguy de SAINTE-MARIE que nous remercions chaleureusement


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