Quand on évoque la première guerre mondiale devant moi,
qui suis comme vous le savez, particulièrement sensible aux odeurs, la première
impression qui me vient à l’esprit est la senteur pestilentielle qui régnait
sur les corps comme dans les tranchées ou à l’intérieur des forts.
Quand j’ai visité le fort de
Douaumont pour la première fois, suite à la célèbre « tranchée des
baïonnettes », mon grand père m’a dit « Et encore, tu n’as
rien vu ! A l’époque le fond était couvert de plus d’un mètre d’immondices
de toute sorte et les explosifs faisaient résonner toute l’infrastructure en
béton quand les projectiles éclataient à tout bout de champ ! »
Quand ils avaient faim, les
soldats français ou allemands étaient obligés de manger des chats puis des
chiens et enfin des … rats qui traînaient ! Comme me disait mon grand-père
qui essayait, en toute circonstance, de rester un gourmet vigilant : « Le
rat était bien supérieur au chien qui restait un animal trop nerveux ! Le
chat était un plat choisi. Ca ressemblait au… lapin ! »
Mon grand-père, qui était
chef-mitrailleur, a été gravement blessé à trois reprises et trois fois il est reparti au
combat ! (La première fois il a reçu une balle de fusil si près du coeur qu'aucun chirurgien n'a voulu l'extraire. La deuxième fois il a reçu un éclat d'obus dans la tête et la troisième fois son ventre a été entièrement troué par un tir de mitrailleuse...) Le général Foch disait que ses fantassins de l’Ouest ( Normands
et Bretons) étaient ses meilleurs alliés !
La France ( comme l’Allemagne !)
était alors faite, exclusivement ou presque, de ruraux forts et résistants.
Désormais, les hommes ont changé mais ils ne supporteraient pas cette vie
d’enfer qui a duré 4 longues années au fond d’abris froids et humides…
Ils ont appris à boire de
l’alcool pour supporter l’assaut de la tranchée allemande voisine. Ils tenaient
souvent grâce à l’absorption de liquides très forts qui annihilaient leur
volonté.
A l’occasion, mon grand-papa nous
racontait « sa guerre » ce qui faisait dire à mon père quand il
garait sa 403 Peugeot devant son domicile (Celui-ci avait combattu dans l'artillerie en
Belgique et en Pologne terrorisé par les Stukas d’Hitler.Il n’avait pas droit au chapitre en sa présence- Ils avaient perdu la guerre,
eux alors vous pensez ! - ) : « Il va encore descendre dans ses
tranchées ! »
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