Les Maires de VIMOUTIERS
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n 1790, le Roi Louis XVI signait un Décret instituant dans chaque commune de nouvelles municipalités avec à leur tête un magistrat portant le titre de Maire.
Si les premiers maires des Vimoutiers se succédèrent à un rythme singulièrement accéléré ( huit en 13 ans !) la ville pourrait solliciter son inscription au Livre des Records pour la durée des mandats de trois de ses représentants suprêmes.
Notre cité, en effet, n'a connu que trois maires de 1909 à 1995 !
Le premier Maire de Vimoutiers, désigné en mars 1790, fut Jean-François d'Enneval, Lieutenant-Colonel d'infanterie, Chevalier de l'Ordre de Saint-Louis, Lieutenant des Maréchaux de France.
Les Vaumesle d'Enneval, anoblis au XVIIe siècle, constituaient l'un des plus nobles et anciens lignages des environs de Vimoutiers.
Domicilié dans le manoir de bois de la Gosselinaie, le Sieur d'Enneval, "Bourgeois de Vimoutiers" se présentait comme "Seigneur et Patron de Lisores, Seigneur des bourgs de Livet et Beauparc".
Royaliste, fidèle serviteur du Roi, cet ancien officier bénéficiait d'une importante confiance de la part des Vimonastériens . Il était en effet l’organisateur de la défense de la cité aux heures les plus cruelles de la "grande peur" dans les premiers temps des émeutes révolutionnaires.
Plus anecdotique, il avait courageusement participé dans sa jeunesse aux côtés de son père, Jean-Charles d'Enneval, considéré comme l'un des louvetiers « les plus émérites de France », à une battue contre la fameuse "bête du Gevaudan".
Elu Maire de Vimoutiers par une assemblée "primaire", il fut obligé de démissionner de ses fonctions le 11 juin 1791, les autorités le soupçonnant de comploter contre les révolutionnaires avec le soutien des émigrés.
Il fut contraint de quitter la France et vint étoffer les rangs de « l'Armée catholique et royale » au sein de laquelle il combattit les ennemis du roi. Après l'échec de Quiberon, il fut arrêté, jugé et fusillé le 11 septembre 1795.
Elu Maire le 12 juillet 1791, Pierre-Jacques Deshayes-Deslondes eut pour ambition de sortir Vimoutiers de son isolement. Il fit à cet effet élargir l'ancienne voie romaine et aménager la route de Trun passant par la Hunière.
Il réunit une garde nationale et assista le 14 juillet 1791 à Paris à la Fête de la Fédération. Il représentait Vimoutiers .
Nommé Président du District d'Argentan, il donna sa démission de maire le 13 janvier 1793.
Les historiens n’ont pas noté le souvenir des trois maires qui lui ont succédé en raison de la courte durée de leurs mandats : M.Morin-Maréchal (1793-1794), Nicolas Varenger (1794) et M.Maunoury-Deslandes ( 1794).
On souligne cependant qu'ils durent gérer les grandes difficultés de ces temps et notamment la disette qui sévissait dans l'ensemble de la population.
Pour la première fois, un notaire, Me Bouvier, est porté à la tête de la municipalité en 1794.
Il siégea durant quatre années dans le fauteuil de maire avant de démissionner le 13 janvier 1799 ( date fatidique ?).
Le septième Maire de Vimoutiers fut Mr.Gontier, qui se prévalait d'un diplome d' "Officier de Santé". Il céda son siège à un autre médecin, Charles-François Gigon-Labertrie sous l'impulsion duquel Vimoutiers, profitant d’une longue période de stabilité politique, connut un essor exceptionnel.
Se souciant du "confort" et de la sécurité de ses administrés, il mit sur pied le premier service municipal d'incendie.
En 1803, il démissionna à son tour pour se consacrer entièrement à son art.
Un cafetier, Monsieur Dubost, lui succéda. Pratiquant la même politique que son prédécesseur et mentor, il soutint l'économie locale et fonda même la Chambre Consultative des Arts et Manufactures de Vimoutiers dont l'influence s'étendit sur tout le territoire de l'arrondissement d'Argentan.
Monsieur Bourdon, Maire de 1812 à 1816, fut confronté aux difficultés liées à la première ,occupation prussienne . Il fit en sorte que les Vimonastériens soient épargnés des excès des troupes cantonnées dans la cité.
Avec le retour du Roi sur le trône, c'est un monarchiste, le Chevalier de Mallevoue d'Aunay qui fut nommé Maire en 1816.
Pendant cinq ans, ce dernier entreprit maints aménagements de Vimoutiers qui sous son « règne », en 1820, prit le nom de ville.
Parmi ses principales réalisations notons la modernisation de l'hôpital et le pavage des rues principales.
En 1821, Mr.Farou, Juge de Paix, prenait le relais .
Trois ans plus tard se produisait l'un des évènements majeurs de l'histoire de Vimoutiers. En effet, les autorités inauguraient officiellement la "Route royale de Honfleur à Alençon", première artère desservant la cité et mettant ainsi fin à plusieurs siècles d'enclavement, voire d'isolement.
De 1826 jusqu'à la chute de Charles X, Monsieur Vivier poursuivit l'œuvre d'extension de la ville entreprise par les anciens maires .
Il fut à l'origine de la création du champ de foire et de la construction, en 1829, de la première "maison commune" ou mairie .
La même année il participa à la fondation d'un Tribunal de Commerce.
Il quitta ses fonctions alors que commençaient les premiers travaux d'aménagement de la route d'Argentan.
En 1830, Stanislas Gigon-Labertrie, fils du précédent, qui n'était alors âgé que de 36 ans, était élu à la Présidence de l'assemblée locale.
Intelligent, énergique et passionné par sa ville et sa région, il allait marquer profondément de son empreinte l'histoire de Vimoutiers qui bénéficia de ses relations privilégiés avec les gouvernants de l'époque et des possibilités que lui offraient ses mandats de conseiller général ( il le devint en 1933) puis de Député ( il le fut à partir de 1839).
Ses réalisations sont nombreuses, citons notamment :
· en 1833 : la construction du Pont Vautier.
· 1836 : la fondation de la Caisse d'Epargne.
· 1837, pour poursuivre le désenclavement de la ville : le creusement des routes d'Orbec et de Chambois.
· 1840 : le percement de la rue de Lisieux ( actuelle avenue du Général de Gaulle) et de la rue Paul Creton.
· 1841 : construction de la route de Le Sap - L'Aigle.
· 1842 : construction de la halle au blé.
· 1845 : édification du pont de la rue de Lisieux.
· 1846 : construction de la nouvelle halle aux toiles et mise en place d'un service de diligences entre Vimoutiers et Lisieux.
· 1849 : fondation d'un Conseil de Prud'hommes.
· …
Sous l'administration de ce grand Maire, Vimoutiers connut un développement sans précédent. Le nombre d'habitants atteignit même 4.200 !
Gigon-Labertrie avait conçu et fait dessiner un plan d'extension de l'agglomération qui peut aujourd'hui nous paraître complètement fou mais sa foi en sa ville, en ses capacités au plan économique était si grande qu'il ne pouvait se représenter Vimoutiers au XXe siècle autrement que comme une métropole ( SI IL AVAIT SU !)
Son adjoint et fidèle bras droit, le Docteur Delaporte, "correspondant de l'Académie de Médecine" lui succèda en 1852.
Aussi bon gestionnaire que son prédécesseur était visionnaire, il se consacra, durant son mandat, à l'amélioration des conditions d'hygiène et au développement de l'instruction publique.
Sa seule erreur fut de déplacer le marché aux fromages. Les vimonastériens ne lui pardonnèrent pas ce sacrilège et il fut contraint de démissionner en 1859.
On lui préféra Mr.Oriot qui poursuivit l'œuvre de modernisation et d'équipement de la ville en fondant une école maternelle, en faisant construire la première usine à gaz. Il soutint la mise en service du télégraphe en 1864 et fit capter la source de la Hunière pour procurer de l'eau potable à la population.
En 1869, Napoléon III nommait à la Mairie Hippolyte Fortin, un Avocat quelque peu atypique. Ce juriste, grand amateur d'œuvres d'art et notamment de toiles de maîtres, désertait en effet les salles d'audience pour les caveaux parisiens où il connut un certain succès comme chansonnier. Il écrivait et interprétait des "chansons légères" et fut désigné par ses pairs comme "Doyen du Caveau de la République".
Plus sérieusement, il se révéla un grand maire lors de la seconde occupation prussienne en contribuant à adoucir les relations entre les vimonastériens et leurs "hôtes" indésirés.
Malgré son bon goût en matière artistique, on peut s'étonner qu'il soutint en 1888 le projet de construction d'une nouvelle église . Il fit construire l'Ecole Publique de garçons (actuel groupe Flaubert).
M.Fortin dut démissionner pour raison de santé.
C'est un commerçant, Louis Pernelle, érudit et passionné d'histoire locale, qui lui succéda à la Mairie.
Il entreprit durant son mandat d'importantes recherches sur le passé de sa ville et publia différents ouvrages historiques et notamment une "Histoire de Vimoutiers"qui aujourd'hui encore font autorité en la matière.
Après un départ qui fit grand bruit, le Conseil Municipal désigna au fauteuil de Maire Me Sauquet, Notaire, grand bourgeois fortuné qui menait, dit-on, "grand train" mais affichait, pour l'époque, des idées "nouvelles" qu'on qualifierait aujourd'hui "de gauche".
Il fut un "maire de transition" - il mourut un an après son élection - lui succéda Mr.Védier, "Fondé de pouvoir" de Monsieur Laniel.
En 1909, le choix des Vimonastériens se porta sur le Docteur Georges Dentu.
Rien ne prédisposait cet honnête homme, "médecin des pauvres", originaire des environs de Lisieux, à une carrière politique.
Et pourtant cet humaniste, catholique pratiquant, homme de grande culture, passionné de littérature ancienne, d'art, allait détenir la plus haute situation politique du département.
Maire de Vimoutiers durant 36 ans ( record jusqu'alors jamais égalé !) il fut élu conseiller d'arrondissement en 1911, succéda en 1919 au Baron de Mackau au siège de Conseiller Général du Canton de Vimoutiers puis quelque temps plus tard à Mr.Fleury à la Présidence du Conseil Général de l'Orne.
En 1927, il était élu Sénateur de l'Orne et en 1939, Secrétaire du Sénat.
Au plan national il se battit pour l'instauration de la Sécurité sociale.
Le Docteur Dentu eut la charge accablante de présider aux destinées de la commune pendant les deux guerres mondiales. Il dut, de 1939 à 1944, après avoir préférer rester auprès de ses administrés plutôt que de rejoindre ses collègues à Bordeaux, les protéger contre les provocations d' occupants fielleux et irascibles . Il dut également gérer les conséquences matérielles et humaine de la destruction de Vimoutiers le 14 juin 1944.
Faisant preuve d'un "autoritarisme éclairé", excellent gestionnaire soucieux d'épargner les deniers publics, il reste dans l'histoire comme l'un des plus grands maires de Vimoutiers.
Parmi ses très nombreuses réalisations notons l'humanisation de l'hôpital et l'électrification de la ville dés 1922.
Pour assurer la reconstruction de la ville et de son économie, tâche titanesque et ingrate, les vimonastériens élirent Maire en 1945 le Docteur Augustin Gavin, Pharmacien, qui depuis plus de trente ans travaillait aux côtés du Dr Dentu.
Notons que ce dernier, qui s'était représenté lors de ces élections, malgré le total dévouement dont il avait fait preuve en faveur des Vimonastériens, n'avait pas été réélu au conseil Municipal sous prétexte qu'il était "trop vieux" .
Ancien Premier adjoint, le Docteur Gavin bénéficiait d'une parfaite connaissance des dossiers.
Bien que "horsain", (Il était né à Pont d’Ouilly en Suisse Normande) il était tombé littéralement amoureux de la ville et avait beaucoup fait avant guerre pour la faire connaître et reconnaître comme "Capitale des produits normands".
Créateur de la première Foire commerciale de l'Orne, en 1921, à Pâques, à Vimoutiers, il était également à l'origine des concours de cidres et calvados, de pommes, concours de beurres,… et avait participé activement à la fondation du Syndicat de la Marque d'Origine Pays d'Auge.
"Découvreur" de Marie Harel, il avait également joué un rôle éminent dans la promotion touristique du "Pays du camembert".
Confronté aux dures réalités de l'après bombardement, il donna l'impulsion nécessaire à la renaissance de Vimoutiers et de son économie.
Après avoir obtenu toutes les aides et subventions possibles et imaginables auprès des différentes administrations et instances nationales mais aussi des Etats-Unis pour la construction de cités provisoires et la restauration de l'hôpital, infatigable, il fut l'homme orchestre de la reconstruction qui s'effectua de la meilleure façon et en épargnant autant que faire ce put le budget communal.
Rien ne fut laissé au hasard. Au milieu des ruines, il sut redonner foi aux Vimonastériens en leur avenir et les remettre au travail.
Visionnaire, comme l'avait été Gigon-Labertrie, il envisagea, dans les années 1960, quand la reconstruction de la ville fut terminée, l'avenir industriel de Vimoutiers en dotant la cité des infrastructures et équipement indispensables à l'accueil d'entreprises et de nouveaux habitants. : zone industrielle, zones de logements sociaux, équipements sportifs et culturels,…
Avec Stanislas Gigon-Labertrie et le Docteur Dentu, il fut l'un des plus grands maires de Vimoutiers.
En 1965,Mr..Augustin Gavin, malgré un chiffre de votants qui le plaçait en tête du scrutin fut trahi au dernier moment par un "quarteron" d'anciens "amis" politiques. Contrain et forcé, il dut laisser son siège à Jean Dumeige, un jeune notaire ambitieux de 39 ans ( qui voulait absolument barrer la route de Me Castéra à la Mairie) et qui allait au fil des ans asseoir son pouvoir jusqu'à devenir en 1971 le "maître absolu" de Vimoutiers en emportant tous les sièges aux élections municipales face au gendre de M.Gavin, le Docteur Jean Gaulin, qui avait repris le flambeau des "légitimistes" mais, comme le disait son beau-père « n’avait aucun sens politique ». Deux ans plus tard, Jean Dumeige devenait Conseiller Général du Canton de Vimoutiers en remplacement de Jean Gaulin qui avait lui-même, en 1967, succédé à M.Gavin.
Pendant 30 ans il régna sans partage sur le Pays de Vimoutiers. Il fut le premier maire "politique" de la ville affichant, après avoir été un opposant convaincu à De Gaulle sous sa présidence, de 1973 à 1995 un "gaulliste" d’opportunité aux côtés du Président d’Andigné . Cette nouvelle étiquette lui permit d'accéder à la vice-Présidence du Conseil Général du Conseil Général de l'Orne.
Lui aussi était « horsain » mais un vrai, originaire, comme Jean-Paul Tancrez « son bras droit » de Saint-Amand-Les-Eaux dans le Nord.
Il poursuivit, avec des résultats inégaux, l'industrialisation de Vimoutiers et son aménagement portant la population à plus de 5.000 habitants.
En 1995, usé par le pouvoir, confronté au déclin d'une ville en perte d'image, d'imagination et de dynamisme, il subissait une cuisante défaite face à la liste conduite par son challenger de 1971, le Docteur Gaulin qui pouvait enfin savourer sa vengeance en s'asseyant dans le fauteuil tant convoité. Ce n’était pas une victoire de la Liste Gaulin mais une défaite de la Liste conduite par Jean Dumeige.
Après un mandat de transition durant lequel la ville poursuivit un lent déclin, le Docteur Gaulin, qui ne parvint pas à conquérir le siège de Conseiller Général laissé vacant par Jean Dumeige et fut conquis par Guy ROMAIN, se retirait en 2001 laissant l'initiative à son premier adjoint, le Docteur Didier Poulain qui était élu 25e Maire de Vimoutiers.
En 2007, Guy ROMAIN, apparenté UMP était alu comme 26e Maire de Vimoutiers.
Les Maires de Vimoutiers
1790-1791 : Jean-François D'ENNEVAL, Officier.
1791-1973 : Pierre-Jacques DESHAYES-DESLONDES
1793-1794 : M.MORIN-MARECHAL
1794 : Nicolas VARENGER
1794 : M.MANOURY-DESLANDES
1794-1799 : Me BOUVIER, Notaire
1799-1801 : M.GONTIER, Officier de Santé
1801-1803 : Charles-François GIGON-LABERTRIE, Officier de Santé
1803-1812 : M.DUBOST, Aubergiste
1812-1816 : M.BOURDON
1816-1821 : Le Chevalier de MALLEVOUE d'AUNAY
1821-1826 : M.FAROU, Juge de Paix
1826-1830 : M.VIVIER
1830-1851 : Stanislas GIGON-LABERTRIE, Député, Conseiller Général
1852-1859 : Docteur DELAPORTE
1860-1869 : M.ORIOT
1869-1894 : Hippolyte FORTIN, Avocat, chansonnier
1894-1900 : Louis PERNELLE, commerçant, historien
1900-1908 : Me SAUQUET, notaire
1908-1909 : M.VEDIER, Fondé de pouvoir
1909-1945 : Dr Georges DENTU, Sénateur, Président du Conseil Général de
l'Orne
l'Orne
1945-1965 : Dr Augustin GAVIN, Pharmacien, Conseiller Général de l'Orne.
1965-1995 : Me Jean DUMEIGE, Notaire, Vice-Président du Conseil Général de l'Orne.
1995-2001: Dr Jean GAULIN, Pharmacien, ancien Conseiller Général de l'Orne.
2001-2007 : Dr Didier POULAIN, Chirurgien-Dentiste.
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