« …Le modèle social
français, largement inspiré par le programme du Conseil national de la
Résistance, avait pour originalité de se soucier du bien-être collectif. Son atout maître était un secteur public dynamique, dégagé de la pression des
actionnaires, destiné à stimuler un grand appareil économique efficace. Cet
attelage n’a pas résisté aux coups de boutoir des gardiens du temple que sont
les organismes internationaux chargés de faire appliquer les règles de la
mondialisation néo-libérale. Au fil des ans, que les gouvernements soient de
droite ou de gauche, le couple diabolique dérégulation-privatisation est entré
en action.
Aujourd’hui, la crise
aidant, certains prônent d’aller encore plus loin au nom de la nécessité de
réduire les déficits publics. Encore faut-il s’interroger sur les dépenses à
réduire et les recettes à augmenter. S’il s’agit de rajouter de l’austérité à
l’austérité, le résultat sera pire. Et ce sont encore les classes populaires et
les classes moyennes du bas de l’échelle qui paieront les note.
Pour
mesurer le changement de paradigme économico-social, il faut se replonger dans
les motivations des fondateurs de la sécurité sociale. Le Résistant Pierre
Laroque, qui en fut le père, parlait alors « d’ordre social
nouveau ». Dans l’exposé des motifs de la demande d’avis adressée à
l’Assemblée consultative provisoire, le 5 juillet 1945, on lit ceci : «
La Sécurité Sociale est la garantie donnée à chacun qu’en toutes circonstances
il disposera des moyens nécessaires pour assurer sa subsistance et celle de sa
famille dans des conditions décentes. Trouvant sa justification dans un souci
élémentaire de justice sociale, elle répond à la préoccupation de débarrasser
les travailleurs de l’incertitude du lendemain, de cette incertitude qui créé
chez eux un sentiment d’infériorité qui est à la base réelle et profonde de la
distinction des classes entre possédants sûrs d’eux-mêmes et le leur avenir et
des travailleurs sur qui pèse à tout moment la menace de la misère… »
« …et
les pauvres, les fraudeurs en puissance. En ces temps de confrontation publique
ouverte, à la vieille d’une échéance électorale majeure pour le pays, on n’évitera
donc pas un débat nécessaire sur les mesures à prendre avec l’insécurité
sociale qui marginalise un nombre croissant de nos concitoyens en les poussant
vers la trappe de la pauvreté… »
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