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ils de Jean Crestey et de Robine Boscher, Pierre Crestey naquit à Trun le 17 novembre 1622.
Après avoir reçu une solide instruction générale, il entama des études de droit sous la pression de sa famille qui voulait faire de lui un « homme de robe » mais, après deux années passées au cabinet d’un avocat de Sées, Pierre Crestey, qui « ne supportait pas de voir des avocats demander autant d’argent aux pauvres qu’aux riches » décida d’abandonner cette voie qui lui avait été tracée pour entrer chez les Jésuites, à Caen, afin d’étudier la théologie.
En 1649, Pierre Crestey fut ordonné prêtre à Rouen.
Nommé vicaire dans sa ville natale, il fit preuve dès son installation d’un dévouement sans borne au service des plus démunis et des orphelins. Il fonda une école pour les filles et prit en charge l’hôpital qu’il réorganisa.
En 1654, après avoir confié l’administration de l’hôpital de Trun à son frère François, il partit à Paris et fit retraite à la Maison de Saint-Lazare.
En 1662, il était de retour à Trun et recevait la visite de Guillaume des Hayes qui l’informa des graves évènements qui se déroulaient dans la paroisse du Mesnil-Imbert.
Particulièrement nombreux et actifs dans le village, les Protestants, à l’origine des troubles, y avaient construit un temple.
L’aristocrate, fort de l’accord de l’évêque de Lisieux, pria l’abbé Crestey d’accepter la charge de curé du Mesnil-Imbert.
Pierre Crestey se laissa finalement convaincre et s’employa avec succès à combattre les divisions. Il poursuivit en justice les Huguenots et en 1665, un arrêt du Conseil d’Etat ordonna la démolition du temple et interdit aux Protestants de rétablir un prêche au Mesnil-Imbert.
La haute juridiction les contraignit en outre à se défaire du terrain où avait été construit l’édifice.
Cette condamnation était assortie d’une amende de 400 livres à payer à l’abbé Crestey.
A l’emplacement du temple, notre curé fit ériger une croix, symbole de la victoire de l’église catholique romaine.
Le calme revenu dans la paroisse, l’abbé Crestey fonda au Mesnil-Imbert un collège pour l’instruction des prêtres.
Avec les 400 livres qu’il avait reçues des Huguenots, il put réaliser un projet qui lui tenait particulièrement à cœur : fonder un hospice à Vimoutiers, paroisse où il avait constaté la présence de nombreux miséreux.
Pierre Crestey fit donc l’acquisition d’une maison à Vimoutiers et confia l’établissement qu’il créa à des sœurs hospitalières de l’ordre de Saint-Augustin qu’il avait fait venir de Sées.
En 1676, il y accueillit pauvres, malades et orphelins.
Pour financer le fonctionnement de l’hospice, il n’hésita pas à se rendre auprès de Louis XIV afin d’obtenir du Roi des lettres patentes permettant à sa fondation de recevoir legs et dons.
Le souverain lui accorda cette reconnaissance et, en outre, l’autorisa à créer au profit de l’établissement quatre, puis six foires annuelles.
En 1695, pour aider les religieuses qui avaient créé une école au sein de l’hospice, le Roi fit don à l’établissement des maladreries de Saint-Christophe à Gacé, de Saint-Jean de la Rivière et de Saint-Nicolas de Guerquesalles.
Les plus riches familles de la région de Vimoutiers apportèrent également leur contribution financière à l’œuvre de l’abbé Crestey. Entre 1681 et 1747, les revenus de l’hospice ne cessèrent d’augmenter pour atteindre 8.000 livres.
Une filature fut également créée dans l’établissement. Elle occupait une cinquantaine d’enfants recueillis par l’abbé et procurait entre 1.000 et 1.200 livres de bénéfices annuels.
La réputation de Pierre Crestey était si grande qu’il était sollicité de toutes parts. On le pria notamment de donner des « règles de vie » au couvent des religieuses de Bernay.
En 1680, Madame de Ducey, sur les conseils de l’évêque d’Avranches, lui offrit la cure de Barenton.
Au terme d’une longue réflexion, l’abbé Crestey accepta sa proposition et quitta ainsi définitivement le Pays d’Auge. Il confia définitivement la direction de l’hôpital de Vimoutiers à son frère François qui était devenu curé de Trun.
Dans sa nouvelle paroisse, infatigable, il allait de nouveau déployer ses efforts pour venir en aide aux nécessiteux. Il n’avait pas d’argent mais comptait sur les « trésors de la providence » pour remplir cette mission.
Il fonda une école de filles, un collège, des confréries, un hôpital… Il fut soutenu dans ses actions par son évêque qui intervint en sa faveur auprès du Duc d’Orléans. Dans l’hôpital qu’il fit construire, il installa deux religieuses venues de Vimoutiers.
Sa bonté, sa charité étaient connues partout en Normandie. Il était demandé chez les Bénédictines de Vire, les Carmélites de Pont-Audemer pour les guider, leur donner des conseils. Il apporta son expérience et ses compétences à la fondation de l’hôpital de Bernay.
Au terme d’une vie particulièrement dense, le brave ecclésiastique s’éteignit à Barenton le 23 février 1703. Il avait souhaité être enterré dans le cimetière des pauvres à l’hôpital mais il fut en fait inhumé au pied du grand autel de l’église de Barenton.
Ses cendres furent dispersées lors de la démolition de l’église au XIX e siècle.
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