En lisant la Presse cette semaine, j’ai appris – non sans un certain plaisir – la prochaine disparition des « Pays » qui, contrairement à l’intercommunalité – qui est, me semble-t-il, l’avenir de la France – se résume, si j’ai bien compris, à redistribuer les subventions – principalement européennes - à ses amis « politiques ».
Ces minis « Comités Economiques et Sociaux – n’avaient pour raison d’être que de pomper un peu plus les finances de la France pour régler indemnités et rémunérations à certains notables .
Devant le nom barbare qu’ils avaient adopté, je m’étais, une fois de plus, élevé en son temps contre cette appellation iconoclaste et avais GRATUITEMENT proposé une autre formule à ses responsables.
J’ATTENDS ENCORE UNE REPONSE …
LE NOM DU « PAYS »
Comme dans de nombreuses autres régions, les cours d’eau ont joué en Normandie un rôle primordial dans son développement .
C’est par les fleuves et les rivières que nos ancêtres venus du Nord ont pénétré dans nos terres. C’est auprés de ces points d’eau, dans les clairières, qu’ils ont fondé et donné vie aux hameaux et aux bourgs.
Ces voies d’eau ont permis ensuite d’irriguer les sols défrichés pour y faire pousser toutes sortes de graminés, étancher la soif des animaux avant de permettre le transport et l’échange de marchandises, le fonctionnement des moulins, celui des forges et des premières usines …
- SITUATION
Bordé au Nord par le Calvados, au Sud par les Campagnes de Sées et d’Alençon, à l’Ouest par le Bocage ornais et à l’Est par le Pays d’Ouche et le Pays d’Auge, le « Pays des Quatre Vallées » est encadré par deux fleuves : l’Orne et La Touques dont les noms évoquent à eux-seuls les grandes heures de la Normandie depuis ses origines mais aussi de son glorieux passé au plan économique .
L’Orne qui a donné son nom à notre département et se jette dans la mer tout près de Ouistreham après avoir arrosé Argentan puis Caen, capitale régionale, est né au sein des gorges profondes de la Suisse Normande tandis que La Touques a creusé son lit dans la vallée d’Auge, irriguant ce Pays de cocagne bien connu des touristes, « figure de proue du drakkar normand ». Ce pays est reputé pour sa végétation luxuriante et pour sa gastronomie . La Touques se jette dans La Manche entre les stations balnéaires réputées de Trouville et de Deauville .
Au cœur de ce terroir, entre les deux fleuves, s’écoulent paisiblement deux cours d’eau qui ont pour noms La Vie et La Dives .
Ces rivières qui traversent les villes de Vimoutiers et de Trun, au cœur du PAYS DES QUATRE VALLEES portent les noms de déesses, l’une d’origine scandinave, qui rappelle la prise de possession de notre territoire par les Nothmen dès le IX e siècle, l’autre romaine fixant le souvenir de l’implantation de ce grand peuple au cœur de la plaine fertile de TRUN-ARGENTAN-EXMES et l’exploitation de grands domaines agricoles dès le début de notre ère .
- GEOGRAPHIE
Appartenant au même Bassin Parisien, le Pays des Quatre Vallées est constitué des quatre régions naturelles complémentaires commerçant ensemble depuis l’Antiquité :
- LE SUD PAYS D’AUGE
Au Nord avec Vimoutiers et Gacé pour principales villes.
Le Pays d’Auge ornais correspond parfaitement à l’image d’Epinal que les « horsains » se font de la Normandie traditionnelle . Tous les éléments constitutifs du décor traditionnel sont réunis : les vertes collines où s’étagent les pommiers, poiriers, cerisiers et autres arbres fruitiers ; les larges et riches vallées (dont la forme en « U » a donné son nom au pays) où paissent de paisibles ruminants et serpentent des rivières rieuses et poissonneuses . Entre Dives et Touques, les paysages, qui ont inspiré les plus grands Impressionnistes offrent de belles et vives couleurs, réhaussées par celles d’un habitat raffiné : maisons basses à pans de bois, églises aux clochers élancés et manoirs recouverts de tuiles roses et brunes. C’est le pays de la douceur de vivre par excellence, du « bien manger », du « bien boire » mais aussi le « royaume du lait ».
- LE PLATEAU DU SAP
Dans le prolongement, à l’Est, existe une sorte d’enclave du Pays d’Ouche . Ce Pays de tradition aux forêts sombres et centenaires a été chanté par le Vicomte De La Varende et la Comtesse de Ségur .
Le Plateau du Sap est un terroir au relief contrasté, la région des épaisses forêts, des vertes prairies, des rivières et des étangs. Son sous-sol est très riche en fer et la présence de minerai, lié à l’abondance du bois, ont été à l’origine d’une industrie autrefois prospère /
- LE PAYS D’EXMES OU HIESMOIS
Ce fut autrefois une province à part entière .
Cette microrégion, délimitée à l’Ouest par la forêt de Gouffern et à l’Est par la forêt de Saint Evroult, fait la transition entre le Pays d’Auge et la Campagne d’Argentan. Sa partie Nord, jusqu’à la ville d’Exmes, s’identifie au Pays d’Auge à tous égards alors qu’au Sud le Pays d’Exmes s’intègre parfaitement à la grande plaine normande qui court de la mer jusqu’aux limites du Maine.
Région au riche passé deux fois millénaires, l’Hiesmois connaît aujourd’hui une réputation universelle grâce au fleuron de l’élevage équin que constitue le « Haras du Pin ».
- LA PLAINE DE TRUN ET D’ARGENTAN
Partie intégrante de « la grande plaine bas Normande » qui va de la mer, du Bessin à Ouistreham, jusqu’ à Alençon il s’agit d’une région plate, bien abritée au plan climatque et bien arrosée notamment par l’Orne qui donne à ce sol une richesse inégalée exploité pour les labours mais aussi pour l’élevage /
- ACTIVITES
- L’agriculture est l’activité phare de ce pays
Si le Pays d’Auge et le Plateau du Sap sont réputés pour leurs productions de qualité : bêtes de viande, lait, crème, fromages, pommes, cidres et calvados … la Plaine d’Argentan est connue pour ses excellentes graines, pour ses pommes de terre et sa prédilection pour l’élevage des meilleurs chevaux de course du monde .
- Au plan industriel, la région porte dans ses gênes des savoir-faire ancestraux :
- fabrication de toiles dans la région de Vimoutiers ( 17.500 personnes tissaient de la toile dans ce secteur au XVIIIe siècle). L’industrie textile fut très florissante du XVIe siècle aux années 1950 la « Toile de Vimoutiers » ayant conquis le monde par sa qualité et sa finesse « incomparable ».
- fabrication de dentelles à Argentan
- Métallurgie dans les secteurs de Pontchardon et du SAP depuis l’époque gauloise.
- Plus récemment, d’importantes fromageries (Vimoutiers, Chambois, Camembert …) cidreries et distilleries (Vimoutiers, Gacé) ont prospéré dans le pays.
- GRAND HOMMES
- Roland ARMONTEL ( 1904/1980) comédien, né à Vimoutiers.
- Pierre AUBERT, né à Vimoutiers au XVIe siècle, il inventa un nouveau métier à tisser les toiles de lin.
- Marquis d’Avernes. Né et mort en 1818 à Avernes st Gourgon – Il fut Lieutenant Général du Royaume et Président du Conseil Général de l’Orne ?
- Marie-Anne-Charlotte de CORDAY d’ARMONT (1768/1793) dite « Charlotte Corday ». « Ange de l’assassinat » elle était la petite fille du tragédien Corneille. Elle est née dans la paroisse des Ligneries aux Champeaux En Auge. Elle a assassiné Marat avant d’être guillotinée à Paris en juillet 1793.
- Paul CRETON, né à Vimoutiers en 1610 . Il inventa les fameuses « toiles cretonnes ».
- Marquis de Sainte Croix d’Ecorches – Il fut l’aide de camp du maréchal Berthier
- Marie HAREL ( 1761 – 1844) Née à Crouttes, elle décéda à Vimoutiers où elle s’était retirée après la mort de Jacques Harel à Neauphes sur Dives.
Elle créa le fromage de Camembert . Elle est célébrée par les Américains comme « Bienfaitrice de l’Humanité ».
- Paul HAREL (1854/1927) le « poète-aubergiste » né à Vimoutiers
- Jean II de Valois (1415/1467) né à Argentan, premier duc d’Alençon, compagnon de Jeanne d’Arc.
- Louis HEBERT, confesseur de Louis XVI, né à Crouttes.
- Joseph LANIEL, (1889/1975) ancien homme politique, Président du conseil, membre fondateur du Conseil National de la Résistance, né à Vimoutiers.
- Fernand LEGER ( 1881/1955) peintre, céramiste, né à Argentan.
- Etienne de LESSARD (1623/1703) né à Chambois . Il enseigna en Nouvelle-France (Québec) et fut à l’origine de la branche canadienne des Lessard qui compte des milliers de membres aujourd’hui.
- Docteur MARESCOT – Né à Vimoutiers en 1539, il fut Recteur de l’Université de Paris et l’un des médecins particuliers d’Henri IV .
- Mathilde l’Emperesse, fille d’Henri 1er Beauclerc, roi d’Angleterre, duc de Normandie, elle fut la veuve de l’empereur d’Allemagne et vécut à Argentan dont elle fut la comtesse.
- François Eudes de Mezeray (1610/1683) Historien, académicien né à Ri.
- Roger de MONTGOMMERY, né sur la paroisse de Saint Germain de Montgommery . Compagnon de Guillaume le Bâtard, vicomte de l’Hiesmois, il fut chargé de l’administration du duché de Normandie aux côtés de la duchesse Mathilde pendant la conquête de l’Angleterre. Après la conquête de la « grande île » il devint Comte de Chichester, Comte d’Arundel, Comte de Shrewsbury et comte de Pembroke. L’un de ses plus illustres descendants fut le Maréchal Montgomery qui commait les armées britanniques durant la bataille de Normandie.
- Louis-Guillaume PERREAUX, né à Alménêches en 1816 . Il fut à l’origine de la création de la motocyclette.
- Jules PERRIGOT, ancien élève de l’Ecole Centrale, industriel et passionné d’automobile né à Ecorches . Il fut un temps, grâce à l’Empereur Napoléon III, le directeur des célèbres Papeteries d’Arches, plus ancienne entreprise française, dans les Vosges . Il resta pendant toute son existence attaché au département de l’Orne et notamment aux « Bois d’Auge » à Ecorches où il possédait une propriété. Il fut à l’origine du premier « code de la route ».
- Margerite de Valois, d’Angoulême, d’Alençon et de Navarre (1492/1549) . Elle fut l’épouse du Duc Charles IV, sœur de François 1er qu’elle recevra fréquemment en son château d’Argentan.
- Gustave Le VAVASSEUR ( 1819.1896) un des Maîtres de la poésie normande né à Argentan.
N’oublions pas qu’un Empereur d’Allemagne (Othon IV) est né à Argentan ains que plusieurs duc-rois d’Angleterre tels que Henri II, Richard Cœur de Lion et le sinistre Prince Jean sont nés à Argentan.
Sachons également que les trois officiers qui commandèrent aux troupes engagées dans la dernière Bataille de Normandie étaient tous trois originaires du pays :
- Montgomery était originaire des environs de Vimoutiers
- Rommel était issu de l’Hiesmois
- Et Patton avait ses sources familiales à Chambois .
- VILLES ET COMMUNES
- ARGENTAN :
Capitale du « Pays des Quatre Vallées » . Argentan reste un important centre agricole comme il a été autrefois un centre artisanal, commercial et industriel.
Sa populatin qui avait doublé depuis la fin de la dernière guerre mondiale est en chute libre.
« Argentariae » que l’on peut traduire par « le lieu où l’on fabrique la monnaie » fut le premier nom donné au site par les Romains .
- CAMEMBERT :
« Pâtrie de la pâte fermentée qui porte son nom » disait La Varende .
Le village de Camembert est « le plus célèbre village de France ». Situé à flanc de colline, dominant une large vallée typique du Pays d’Auge, le village doit sa renommée universelle à une humble et géniale fermière qui au XVIIIe siècle, pendant la révolution, mit au point la recette du « roi des fromages » : le camembert !
- EXMES :
Ancien evêché et cité gallo-romaine. Capitale de l’Hiesmois. Comment imaginer que ce petit chef lieu de canton – le plus petit de l’Orne ! – fut une importante cité à l’époque romaine et au Moyen-âge une puissante capitale .
Ancienne place-forte le paisible bourg d’Exmes est situé au cœur d’une riche région d’élevage de chevaux pur-sang et de trotteurs.
Dans son ouvrage intitulé « La guerre des Gaules », Jules César fait mention des Esuviens qui constituaient en ce lieu une importante tribu. Ayant imposé, peu avant le début de notre ère la « pax romana » à toute la contrée, les Romains s’installèrent à cet endroit, le fortifièrent, y installèrent des postes militaires, organisèrent administrativement le secteur et créèrent des voies de pénétration tout en donnant un grand essor aux grands domaines . Il est établi que Exmes joua un très grand rôle à l’époque gallo-romaine. La cité commandait les communications de la majeure partie de l’Armorique avec le Nord et l’Est de la Gaule. On sait que des camps dit « de César » ont été édifiés dans le secteur à Bierre, Montabard, Sainte-Eugénie, La Cambe…
- GACE
Située sur l’axe routiers qu’on appelait alors « Plantagenêt », Gacé est une ville commerçante qui a longtemps rivalisé avec Vimoutiers avant de l’emporter. C’est autour de son château que se sont déroulés les grands évènements de l’histoire gacéenne.
En l’an 50 après J.C. la cité naissante est assiégée par les Romains.
En 1050, Raoul « Tête d’âne », tuteur de Guillaume le Bâtard, devient le premier seigneur de Gacé.
Au XVIe siècle, le château et ses terres deviendront la propriété de la célèbre famille de Matignon .
Au XVIIIe siècle, l’écrivain et historien La Sicotière écrivait : « Gacé est l’un des endroits les plus agréables de Normandie. On y fait beaucoup d’affaires et on s’y amuse à l’avenant, ce qui tranche quelque peu avec les maints autres lieux de l’Orne où l’on ne fait rie et où l’on s’ennuie au mieux … »
- LE SAP
La ville tire son nom du sapin ( SAPPUS au XI è siècle) arbre rare de la dense forêt qui recouvrait autrefois toute la contrée. La présence de ces résineux, vénérés par les druides, a contribué à faire de ce site un important sanctuaire à l’époque gauloise ( comme Argentan).
La richesse du sous-sol environnant en minerai de fer a fait du Sap, dès cette époque, un important centre industriel que les Romains ont considérablement élargi . Au XVI e siècle,Le Sap comptait plus de 5.000 habitants ! 800 forges y fonctionnaient !
- TRUN
Ville aux traditions marchandes millénaires, TRUN est un gros bourg situé sur les bords de la Dives dans le Pays d’Auge. Les dolmens, menhirs, pierres levées sont nombreuses dans les environs . Elles sont témoins du peuplement fort ancien de la vallée. Près d’une source sacrée, se dressait un énorme bloc de grés blanc. Autour de lui se réunissaient les Gaulois. Les druides y célébraient leur culte. Les Romains qui occupaient le territoire lui avaient donné le nom de « TRUNUUM » ou de « TRUTINUM ».
- VIMOUTIERS
Baptisée Capitale Normande des produits de la table (Fromages, beurres, cidres, calvados) où coule la Vie, rivière divine qui a donné son nom à la bourgade qui a plus de 1.000 ans .Elle est blottie dans l’une des plus belles vallées du Pays d’Auge.L’appellation est justifiée pour ce joli petit coin de paradis où la pomme est Reine et « cause de tout » comme dans le testament . Mais, contrairement au Jardin d’Eden, comme se plaisent à affirmer les gens d’ici : « LA POMME A FAIT LE MALHEUR DE L’HOMME MAIS LA RICHESSE DU NORMAND ! »
L’agglomération, meurtrie et dévisagée en 1944, est enserrée par de hautes et vertes collines sur les pentes desquelles s’étagent de multiples pommiers. La ville a joué durant plusieurs décennies un rôle primordial dans la promotion, le commerce, la diffusion des spécialités gastronomiques qui ont fait son renom .
La diversité gastronomique, les diverses compétences acquises au fil des siècles par sa population aux plans agricole ou industriels doivent être considérées non pas comme un handicap mais comme une richesse, une nouvelle chance qui, au carrefour des nouveaux grands axes de circulation venant du Nord, de l’Ouest, du Sud et de l’Est permettra au Pays des Quatre Vallées s’il consent à s’unir, d’affirmer ses vocations naturelles avec le renfort de marques et de produits prestigieux mondialement connus et appréciés comme le camembert, le calvados ou encore le cheval…
Alors ce pays pourra devenir, au plan touristique, de l’élevage, de l’industrie agroalimentaire, des services, l’un des futurs pôles du développement normand.
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