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lundi 31 août 2015

                                             Ma rencontre avec Horst DRECHSEL

J’ai fait la connaissance d’Horst Drechsel dans les années 1970.

Un éditeur anglais, Winston RAMSEY, spécialisé dans les ouvrages consacrés à la seconde guerre mondiale, avait transmis à Alain Roudeix et à moi-même, via Eddy Florentin, une série de photographies de « La Poche de Falaise » prises sur le vif par des reporters de l’armée britannique et collationnées depuis au British War Muséeum.
C’était le but de sa mission !

Ils mettaient en scène quelques scènes cruciales de cette bataille et notre rôle était de retrouver les endroits où ces clichés avaient été pris.

Nous nous mîres à la recherche de ces décors en compagnie d’Alain Roudeix, surnommé « Le spécialiste des spécialistes », par l’éditeur d’ « After the Battle »  tout au long de la ligne de front à l’intérieur du fourgon Volkswagen qui lui servait à la fois de bureau et de cabinet de travail.

Beaucoup d’endroits furent identifiés comme le « Gué de Moissy » mais nous restions nous ne réussissions pas à découvrir deux ou  trois séquences comme cette colonne de prisonniers allemands, près d’un carrefour, au sortir du « chaudron ».

Nous ne savions quoi répondre quand je fus contacté, en 1974, par un ouvrier retraité qui me disait s’être reconnu parmi ces détenus.

Rendez-vous fut pris rapidement avec cet homme qui nous rejoignit avec son épouse, une Normande des boucles de la Seine.

Ils arrivèrent dans une petite voiture, de marque « Renault », derrière laquelle était collé un « F » !
Avant d’aller sur le terrain, il me raconta « sa guerre » et rapidement mis en confiance, il me narra même quelques anecdotes personnelles.

Jeune Allemand, né à l’Est du territoire, il avait d’abord été incorporé dans les « Jeunesses Hitlériennes » puis, quand il en eut l’âge, il fut admis dans la Wehrmacht.
 A ce titre, il participa triomphalement à la Campagne de France puis, moins plaisant, quand le pacte germano-soviétique fut rompu, il se retrouva à se battre, tout en se gelant, sur le front russe.

Ayant la ferme volonté de repartir à l’ouest par n’importe quel moyen, il fut informé un jour que Meindl formait une unité d’élite de parachutistes pour sauter et conquérir l’Angleterre.

Alors, il s’engagea en implorant le sort que jamais il n’ait l’occasion d’être largué sur les îles britanniques, sachant quel sort lui était réservé.

Il gagna la région de Saint-Brieuc où commença le formation. Celle-ci était dure mais préférable au traitement des soldats sur le front russe. Il était équipé d’un nouvel uniforme et d’un casque aux formes arrondies, remanié pour la circonstance.

Pendant qu’il s’entrainait, il apprit le débarquement du 6 juin et gagna très promptement la zone des combats.

Il se battit sans conviction sur les plages, puis à Caen. Il se retrouva dans la Poche de Falaise comme soldat affecté dans une unité de transmissions porteur d’un téléphone ultra secret.

A Aubry-En-Exmes il retrouva le puits où il l’avait jeté le 18 août pour ne pas que les ennemis le découvre, puis il évoqua la bataille de Chambois.

Il me précisa que les officiers qui, dans leur grande majorité, ne croyaient plus à la victoire de l’Allemagne, avaient quitté les lieux et notamment durant la nuit du 19 août .

Seuls les combattants « SS » étaient encore convaincus. Alors ce fut la panique et l’exode.
Quand la Poche fut fermée, il fut fait prisonnier par les Américains et conduit en colonne jusqu’à un camp provisoire à Nonant-Le-Pin.

Les jours suivants, il  fut conduit au Havre puis aux U.S.A. où il demeura enfermé dans un cantonnement jusqu’en 1954 !

Quand il fut enfin libéré et que le bateau le ramena en France, c’était pour apprendre que le village où il avait toujours vécu était envahi par les Russes et intégré à  l’Allemagne de l’Est.

Contrit, il décida de rester en France et revint en Normandie. Il alla jusqu’à Elbeuf et proposa son recrutement aux usines Renault.
Dans cette usine, il fit la connaissance d’une jeune Française et s’installa avec elle à Elbeuf. Quelques années plus tard, il l’épousa, demanda et obtint la nationalité française.

A l’heure de la retraite, il resta dans cette ville normande et une coupure de journal qui rappela soudain son parcours.

Je me souviens qu’il me déclara sans haine et avec calme : « Je suis resté embrigadé, soldat puis prisonnier pendant plus de vingt ans… Tout ça pour finir dans les bras d’une Française… avec la nationalité française ! Le destin réserve parfois des surprises ! »…


Il décédera trois ans plus tard à Bois-Guillaume.


Photo : Drehsel et ses compatriotes regroupés dans un camp provisoire à NONANT-LE-PIN par les Américains ! (Cliché armée anglaise)

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