En allant, à pied, ce matin
chercher mon pain comme le fait tout Français normalement constitué, j’ai
croisé un défilé de jeeps « Willis » décorés "façon 1944" et conduites
par des Français grimés qui s’apprêtaient à jouer à la « gué-guerre »
sur la côte en mimant un nouveau remake de l’Opération « Overlord ».
68 ans après les faits, cette
vision, nonobstant le prix du carburant qui ne cesse d’augmenter (et ces
engins militaires consomment beaucoup de gazoline !) m’a fait aussitôt
penser à la chanson de ces artistes à succès : « Made in Normandie »
que le duo interprétait, le sourire aux lèvres, il y a environ cinquante ans,
tout en se sanglant dans des uniformes alliés flambant neufs.
Les chanteurs évoquaient alors les « vaches
rouge et noir » et le « bon cidre doux made in Normandy »
… Que de clichés désuets !
Jeunes Normands face à un "Tigre" Gouache Gérard Roger |
Cette image me rappelait
également ceux qui réapparaissaient après s’être faits tout petit ou « tout
autre » pendant plus de quatre ans …
Mais, les Normands n’avaient pas
le cœur à se réjouir. Ils pansaient leurs plaies profondes !
Finalement, ayant fréquenté de
nombreux survivants normands de cette sombre époque comme j’ai cotoyé et
interviewé beaucoup de chefs militaires je peux vous assurer que le premier
sentiment de ceux-ci était une sensation de malheur, de désolation, en
conclusion de deuil.
En effet, la mort des combattants
et des civils, la destruction des bourgages et des immeubles, cette odeur
pestilentielle qui régnait partout,
assombrissaient l’esprit bien avant le désir d’organiser des réjouissances
, de célébrer cette libération du territoire tant attendue, tant espérée...C'était, en quelque sorte, le prix à payer pour cette "oeuvre d'assainissement" ...
Peu de villages normands
accueillirent les Alliés en liesse et le mois de juin 1944 figure un
mois triste pour les rescapés !
L’heure était au recueillement et
non à la fête !
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