Les « invasions »
normandes !...
On a fêté en 2011, très
discrètement d’ailleurs, si l’on en juge par le copieux programme prévu, les 11
siècles d’existence et d’influence de la Normandie !
Montesquieu a écrit :
« Nous ne connaissons que quatre grands changements en Europe depuis
l’établissement des colonies grecques et phéniciennes : le premier causé
par les conquêtes des Romains, le second par les invasions des barbares qui
détruisirent ces mêmes Romains, le troisième par les victoires de Charlemagne
et le dernier par les invasions des Normands… »
Au Nord de l’Angleterre, une
flotte de navires scandinaves débarque soudain à Lindisfarne.
On raconte qu’une bande de « marins-soldats »,
bien entrainés, pille l’établissement religieux et tue, effet collatéral
malheureux, les moines !
La nouvelle se répand comme une
trainée de poudre dans l’Empire de Charlemagne jusqu’à Aix-La-Chapelle,
la Capitale des Carolingiens où les dignitaires l’accueillent avec
incompréhension, voire incrédulité…
ILS VONT COMPRENDRE !
Cette attaque prélude plus d’un
siècle d’opérations, coups de main, batailles, escarmouches entre Scandinaves
et Francs dont l’armée, lourdement équipée, est parfois invalidée face à la
tactique d’ « attaques éclairs » de ces navigateurs que
les chroniqueurs vont surnommer « Vikings » !
Mais, contrairement à ce qu’ont
prétendu les clercs, premières victimes de ces raids, ce qu’on appelait «
les fils de la mer » rassemblaient
surtout de paisibles paysans, des artisans et des commerçants !
Il est utile de préciser que dans
les pays du Nord, on désignait sous ce vocable les hommes prenant part à toute
opération conduite par les eaux.
Ces fiers matelots, à bord de
leurs étranges embarcations munies de « drakkars » (têtes de dragon)
ornant l’extrémité de la proue, étaient pour la plupart des marins aguerris et
de fantastiques explorateurs.
Ce sont eux qui, en effet, les
premiers, quatre siècles avant Christophe Colomb, ont traversé l’Océan
Atlantique Nord sous la direction de Leif
L’Heureux avant de pénétrer chez les Incas et s’établir sur la côte
Nord-Est de l’Amérique et de créer une colonie dénommée « Vinland »… Comme vous
pouvez le constater, la vigne et le vin était déjà des sujets qui
intéressait ces gens venus du Nord !...
Ce sont encore eux qui, à l’Est,
ont établi un vaste domaine ayant Novgorod pour Capitale.
De là, leurs expéditions ont
continué vers Kiev puis la mer noire, établissant des relations
commerciales avec Byzance (l’actuelle Istanbul) pendant que d’autres, par la Volga,
puis la mer Caspienne rejoignaient Bagdad.
Ils tapaient tant en Angleterre,
qu’en Irlande, en Ecosse qu’au cœur de l’empire continental.
Aucune région d’Occident ne fut
bientôt épargnée…
… mais le commerce
continuait !
Les estuaires sont privilégiés
par les « Northmen » qui peuvent remonter très en amont les
fleuves avec leurs « esnèques »,
bateaux à fond plat qui présentent des qualités nautiques incomparables.
Ces navires sont également
capables d’affronter les assauts de la haute-mer, étant en effet propulsés par
une voile carrée ou par des rames.
Après une première phase de
rapines, coups de force et autres incursions, les « Vikings » vont
profiter de leur nette supériorité et de leur force pour « mettre en
exploitation » les territoires envahis avec de fréquentes demandes de
rançons notamment en Angleterre, sur les côtes Est, dans la région de York, où
sera appliquée la « Danelaw »,
puis une certaine forme de colonisation.
Il ne reste plus rien à piller
dans ces territoires mais par contre s’établir définitivement, pour ces hommes
qui restent des producteurs, dans les pays conquis les incitent à se fixer.
Ils décident de mettre en valeur les terres de
ces régions plus hospitalières que le
rude relief et climat qu’ils connaissent en Scandinavie. Ce projet
séduit un grand nombre d’entre eux.
On peut affirmer qu’ils sont
devenus bellicistes… par
opportunité !
Ils vont s’installer temporairement à
l’embouchure de la Seine mais aussi de la Loire, de la Garonne et sur les rives
de l’Humber en Grande-Bretagne.
Ils poursuivent ensuite leur chemin vers
l’intérieur des terres mais aussi vers l’Irlande ou l’Ecosse.
Les voies de pénétration sont
évidentes, surtout en ce qui concerne l’Empire de Charlemagne : contournement
de la mer du Nord ou voie directe, via le Pas-de-Calais et la Manche.
En ce début de Xe siècle, les
rois Carolingiens, comme leurs homologues Saxons d’Angleterre, affaiblis par
leurs sempiternelles divisions, ne peuvent même pas compter sur leurs « fidèles »
Alliés.
Alors, ils concluent des accords
plus ou moins durables…
Le Traité de
Saint-Clair-Sur-Epte !
Un très bel exemple existe avec
le Traité de Saint-Clair-Sur-Epte, conclu en 911, dans une région qui
n’est n’était pas encore normande à l’époque et qui ne l’est plus
désormais !
Dans ce secteur oriental, le roi de
France Charles III, dit « Le Simple », signe un traité
avec le chef Viking Rollon dit « le marcheur » (Il
ne connaissait pas encore le cheval, richesse de la Normandie !…).
Est concédé à celui-ci et à ses
hommes un vaste territoire de part et d’autre de l'embouchure de la Seine
(Ce qui approximativement correspond aux actuels départements de la
Seine-Maritime et de l’Eure ainsi que, pour partie, des terres affectées au
département du Calvados).
Ce farouche combattant, qui
devient le premier Duc de Normandie, venait de Norvège et était Prince.
Il était en effet le fils du roi Roguald dit « Le Riche ».
Il faut bien noter qu’à ce
moment-là, il y avait de fréquents affrontements entre Francs, Angles, Ecossais
et Irlandais dirigés contre les Scandinaves de tous poils et que des alliances
momentanées se faisaient et de défaisaient…
Mais, excellente nouvelle,
comme nous l’avons déjà précisé, le commerce continuait !!
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