Mon artisan de père ( qui
aurait fêté ses 100 ans en avril prochain ! ) n’était pas un devin .
Tout juste avait-il engrangé, au fil de sa vie, bon sens paysan liée à l' expérience,
si bien qu’il avait acquis une certaine philosophie et une idée assez précise du futur …
Il se plaisait à répéter à ses
clients : « Dans moins de 50 ans, il n’y aura plus d’artisan
et encore moins de vrais bouchers ! »
Cette prévision a malheureusement
fini par se produire ! Les boucheries ferment les unes après les autres et
les artisans ne trouvent pas de successeurs !!
Les raisons ? Facile de les
lister :
-
d’abord jadis, une fois le certificat d’études primaires en
poche, presque tous les scolaires, issus des bourgades et de la campagne
environnante, entraient en apprentissage chez les professionnels du coin. Les "riches" et les "moins riches" ...
Au début,
c’était dur, il fallait savoir manier le balai et la serpillière et faire « le
frottin »…mais mon paternel précisait à certaines mères trop
émotives et possessives : « J’ai commencé par là ! Il faut
savoir tout faire pour être un jour patron ! ».
Le lendemain
même du « certif’ » les parents défilaient chez les artisans.
La famille et les enseignants ne faisaient pas la différence entre
travaux manuels et intellectuels. N’existaient pas une « intelligence »
cérébrale opposée à une « intelligence »
technique.
On réussissait
dans les diverses voix choisis à partir du moment où on avait un peu
de perspicacité et de savoir-faire. C’est ainsi que certains « apprentis »
de mon père ont terminé patrons, cadres et même directeur d’abattoir…
Aujourd’hui,
les jeunes sont « orientés » vers un travail manuel quand on ne
peut l’être sur une profession apparemment plus « valorisante ».
On se fout ainsi le doigt dans l’œil « jusqu’au coude » !
-
Deuxièmement : les scolaires vont à l’école jusqu’à 16/17
ans avant de se rendre compte - mauvaise orientation - qu’ils ne sont pas faits pour des études. A cet
âge, ils ne veulent plus entrer dans une entreprise comme « arpète »
et de plus ils veulent gagner immédiatement beaucoup d’argent ! A qui la faute ? Alors ils vont d'un bureau de chômage à un autre ...
-
Enfin, les « grandes surfaces » ont attiré la
plupart des apprentis bien qu’ils fussent presque exclusivement formés par de
simples artisans. Ces magasins en effet, ne perdent pas de temps à « apprendre »
les facettes d'une profession au personnel !
A force de tirer sur ce fil, il
ne s’est trouvé plus personne pour former les spécialistes, les professionnels compétents !
Quelques décennies plus tard, non seulement on ne trouve plus d’artisans
mais ces derniers manquent cruellement de compétences et de savoir-faire ! Alors on change et
on ne répare plus !
Dans le métier de boucher, que j'ai appris autrefois - avais-je vraiment le choix ? - je suis parfois atterré par la façon de travailler !
Nous parlons des boucheries mais certains métiers ont d'ores et déjà disparus !..
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