Un nouvel épisode de la « Guerre
des Fromages » a de nouveau frappé en Normandie !
Dans la maternité où j’ai vu le
jour à Lisieux, une infirmière (qui était aussi une religieuse !) chantait
à tue-tête, d’une voix de stentor pour m’endormir proclamait-elle!
« Un régiment de fromages blancs, partait en guerre contre les
camemberts… ! »
Etait-ce prémonitoire ?
Il faut dire que l’année
précédente (il y a aujourd’hui 65 ans !) cette conflagration avait de
manière féroce et brutale débutée lors d’un congrès fromager à Deauville.
« Le Brie attaquait le camembert ! » titraient les journaux pendant
que certains « spécialistes » prétendaient (on l’affirme toujours)
que le religieux qui « avait aidé » Marie Harel de ses judicieux
conseils dans la confection du premier « fromage de Camembert» arrivait
de cette partie orientale du Bassin Parisien, universellement connue pour la
production d’hommes politiques et d’une
célèbre pâte molle !
Il était alors question de refuser la première place
au camembert … et dans le pire des cas d’offrir la paternité du nouveau
fromage… au brie !
Ce n’est pas la première fois qu’on modifiait l’Histoire
mais ces allégations sont fausses car le camembert existait déjà en 1705 ( conf.
Le livre de Thomas CORNEILLE) et si ce clerc a bien existé, il est désormais
établi qu’il venait des rives de La Seine (il était donc Normand !) et
pour donner une croute au « fromage de Madame Harel » il s’est
inspiré de la recette du neuchâtel (qui est le plus ancien fromage normand !)
Le « général GAVIN »,
Maire de Vimoutiers prenait alors intelligemment la tête des troupes renforcées
par un syndicat de producteurs normands unis et déterminé ! L’offensive fut
payante !
A peine la victoire célébrée
qu’une autre bataille, opposant cette fois-ci ces mêmes façonniers normands aux
puissants fabricants de « CAMEMBERT CHEESE » américain, voyait le
jour ! Malgré la disproportion des moyens, les Normands sortirent (une
nouvelle fois), vainqueurs de ce conflit !
Le Président du Syndicat des Fabricants de
Camemberts Normands en rajouta même une couche (peut-être une louche entière?)
en affirmant : « Leur fromage est certainement très bon… mais ça
n’est pas du camembert … Pourquoi ne pas en ôter la chlorophylle qui fait
son charme?» Tout semblait dit !
Le Dr GAVIN préféra inaugurer la
statue offerte par les Américains en 1954 à l’intérieur de la Halle «
pour éviter que les fabricants normands ne lui pissent dessus ! »
comme il en avait reçu la menace !
Quelques années plus tard, de l’élection
d’un nouveau maire naquit un désaccord, style « guérilla », qui fit
beaucoup de mal et de dégâts, surtout au plan économique, entre Vimoutiers et
Camembert.
Cet antagoniste larvé, fait de
« terre brûlé » dura plusieurs décennies et dans cette rivalité
opposant les notables de ce chef-lieu de canton à « la grenouille qui
voulait paraître aussi grosse que le bœuf »
ce fut l’occasion de
précipiter le déclin du sud du Pays d’Auge à la grande satisfaction d’un
fabricant d’une région proche et de voisins envieux qui n’admettaient pas au
fond que la commune de Camembert fut située par les Révolutionnaires dans
l’Orne et n’ont toujours pas reconnu la partie ornaise du Pays d’Auge et
de la Normandie( « Le trou du cul de la province »…) … et pourtant
Sainte Thérèse, Charlotte CORDAY, Marie DUPLESSIS (dite la « Dame aux
Camélias » et Marie HAREL sont originaires de l’Orne comme la
bataille finale d’août 1944 s’est déroulée dans ce département et non pas
autour de Falaise !! Ce sont des faits … mais non convenus !
François BESNIER annula de ce fait un projet
ambitieux (qu’il réalisa pour partie à Laval) entre Vimoutiers et
CAMEMBERT ! Pernod-Ricard, nouveau propriétaire des Ets ANEE fit de même
… ! Dommage pour l’essor et l’emploi !
Sur d’autres fronts, il fallut
durant ce temps se défendre et notamment répondre à un projet de création de
confrérie du camembert venant du sud et du département voisin dans les années
1980.
Comme si cela ne suffisait pas,
un nouveau front s’ouvrit dans d’autres villes voisines ou à grands coups de
subventions (alors qu’aucun subside n’était alloué au Musée du
camembert !) on créa le CONSERVATOIRE DES TRADITIONS FROMAGERES ! La
fin fut triste notamment au plan financier !
Profitant d’un nouvel
affaiblissement de VIMOUTIERS, des manifestations inspirées par Vimoutiers (et
notamment les « fêtes aux pommes ») d’une division et de la
démotivation des combattants, une nouvelle ligne sournoise s’est ouverte
récemment et le rôle joué par un « fromage que l’on croyait ami » nous
désole ! Comme je l’ai écrit, cette arrivée de la course cycliste
PARIS-CAMEMBERT à LIVAROT est un coup de poignard dans le dos (« TU
QUOQUE FILLII ? » !)
Comment réagiront les
Camembertois ? Je suis impatient de le savoir !
Cela va-t-il contribuer à vider
encore Vimoutiers de ses forces vives ?
Je comprends que Marie HAREL ait
quitté le lieu de ses exploits pour s’installer, loin du tumulte, avec son
mari, dans une petite exploitation de NEAUPHES-SUR-DIVES ! Nous
avons-nous-même donnés les verges qui nous ont battus !
Gérard-Charles ROGER-GERVAIS.